L’art de mentir nous serait-il imposé comme un nouveau « mode de vie ?» (Matata Joseph)
Introduction :
Le mensonge devient-il une arme de destruction massive ?
Partout le combat contre l’injustice est le fait même d’une humanité consciente de sa dignité.
Les résistances ont évidement toujours existé. Nous avons connu en Afrique en particulier, les luttes contre l’esclavage, les guerres contre le colonialisme et les multiples formes de résistances civiques qui ont conduit à l’indépendance des Etats.
En Europe, ce fut l’histoire de la résistance de la classe ouvrière contre l’exploitation du capital. La lutte contre cette exploitation a été longue et coûteuse en vies humaines.
Aujourd’hui on trouve un très grand nombre de mouvements et d’organisations, qui n’avaient pas les mêmes objectifs, mais qui luttent ensemble contre une mondialisation effrénée et productrice de misère à l’échelle planétaire. Il s’agit notamment de mouvements paysans, ouvriers, de peuples autochtones, de femmes, de défenseurs de l’environnement, de groupes luttant pour les droits de l’homme, etc…
Partout le combat contre l’injustice est le fait même d’une humanité consciente de sa dignité.
Qu’en est-il de la lutte contre la culture du mensonge qui se développe partout dans le monde à la quatrième vitesse ? Il y a plusieurs années, toute personne qui était traitée de menteur se sentait très offensée et pouvait même porter plainte contre son détracteur.
Mais l’on assiste aujourd’hui à des mensonges tellement grossiers qu’on se demande où vont les hommes qui se disent civilisés. Avec tous les moyens modernes de communications qui se sont développés grâce à l’informatique (sites web, internet), le mensonge peut circuler en quelques minutes et atteindre des centaines de millions de personnes dans le monde entier. Le plus gros des mensonges concerne les prétendues armes de destruction massive qu’auraient possédées par l’IRAK. Ce gros mensonge a été très bien « consommé » par l’opinion publique mondiale d’autant plus qu’il était propagé par le président américain Georges Bush. Connaissant tous les moyens de renseignements que possède le gouvernement américain, aucun citoyen de la terre ne pouvait imaginé un seul instant que le président d’une superpuissance comme les USA pouvait mentir comme un « vulgaire menteur » des bistrots populaires. Consciemment ou inconsciemment, tous les médias du monde entiers ont diffusé ce mensonge qui a déclenché la nième guerre mondiale contre les peuples musulmans du Moyen Orient qui vivent sur les puits de pétrole très convoités par les sociétés pétrolières. Après l’IRAK, c’est probablement l’IRAN et la SYRIE qui sont dans le collimateur des prédateurs occidentaux.
En Afrique Centrale, un autre président africain soutenu par le même président américain Georges BUSH, a envahi la République Démocratique du Congo sous un autre prétexte tout aussi propagé par les médias nationaux et internationaux. Il s’agit du général Paul KAGAME qui a déjà conduit en RDC deux guerres très meurtrières qui se sont soldées par la mort de plus de quatre millions de Congolais. Comme pour la guerre en IRAK, les deux guerres d’invasion du président Paul KAGAME sont justifiées par la nécessité de neutraliser les « génocidaires Hutus » qui se seraient repliés en RDC avec l’objectif de revenir achever le génocide qu’ils ont commencé en 1994. Comme le président Paul KAGAME a fait croire qu’il avait arrêté le génocide au Rwanda, il s’estime en droit de prévenir un autre génocide qui toucherait les Tutsi congolais. C’est toujours à titre préventif qu’un autre général Tutsi, le général NKUNDA alias « Nkundabatware » a été fortement armé et installé confortablement au Congo pour assurer la protection des minorités Tutsies qui seraient menacées d’extermination par un peuple congolais qui pleure plus de 4.000.000 de morts.
La capacité prédatrice de l’homme en aurait-il fait un véritable monstre assoiffé de sang de ses frères et soeurs ? Un certain Robert Antelme affirme ce qui suit : « Il n’y a qu’une espèce humaine : les uns tuent comme des hommes, les autres meurent comme des hommes. Il n’y a pas des loups d’un côté et des rats de l’autre. Que des hommes ».
Partout le constat est le même : le mensonge devient une arme de destruction massive. Des milliers de morts en IRAK et des millions de morts au Congo. Que ce soit en IRAK ou en République Démocratique du Congo, le mensonge sert à couvrir et à légitimer la capacité prédatrice des hommes les plus forts de la terre. C’est-à-dire les plus riches de la planète qui possèdent des gros moyens de destruction massive et qui rivalisent dans l’ART DE MENTIR. Souvent avec le soutien massif de l’ONU et de l’Union Africaine, les grands prédateurs sont devenus des « menteurs professionnels ». Ils se disent investis d’une mission « presque divine » pour garantir la liberté, la démocratie, les droits humains et le développement durable sur toute la planète. Pour le malheur et la misère du monde.
2) L’art de mentir tel qu’il est perçu par les rwandais :
De tous les peuples du monde entier, le peuple rwandais a produit probablement les meilleurs menteurs de tous les temps. Les rwandais sont habitués à mentir comme ils respirent ? Certainement NON. Du moins ils ne s’en rendent pas compte. Mais cela n’empêche pas qu’à la moindre question, le rwandais s’estime obligé de mentir à son interlocuteur qui l’accepte tout gentiment. Sans s’en offusquer. Parce qu’il s’agit bien de « son art de vivre » car toute personne bien élevée doit savoir dissimuler ses sentiments, ses activités, ses problèmes, …
Cette culture du mensonge est innée plus spécialement chez les extrémistes Tutsi qui restent convaincus que les étrangers, les européens en particulier, ne sont pas intelligents dans l’art de mentir. Voici ce qu’en dit notamment l’abbé Stanislas Bushayija[1], un prêtre catholique tutsi qui fait une analyse pertinente de son groupe ethnique : « A vrai dire, les principes d’équité que les Belges voulaient faire prévaloir dans le domaine de la justice, de la propriété, de la liberté et des droits de la personne humaine quelle qu’elle fût, déroutèrent le Mututsi et le firent douter de la finesse de l’Européen. Celui-ci lui parut plus un technicien, une sorte de magicien qu’un diplomate, comme le prouvent les expressions kinyarwanda encore courantes : Abazungu ntibazi ubwenge (les Européens ne sont pas malins), ubwenge bw’abazungu (intelligence européenne). Si le Mututsi reconnaît à l’Européen ses compétences dans le domaine technique, - électricité, physique, mathématique, etc., - s’il lui reconnaît l’intelligence du livre (ubwenge bwo mu gitabo), il déplore son absence de finesse d’esprit. Savoir travestir la vérité, donner le change sans éveiller le moindre soupçon est une science qui fait défaut à l’Européen et que le Mututsi est fier de posséder ; le génie de l’intrigue, l’art du mensonge sont à ses yeux des arts dans lesquels il s’enorgueillit d’être fort habile : c’est là le propre du Mututsi et, par contagion et par réflexe de défense, de tout Munyarwanda… ».
Comme le peuple rwandais a été asservi par une monarchie tutsie qui avait construit toute une série de Mythes, chaque régime rwandais fait sa propre promotion par un ou plusieurs mythes fondateurs. Certains mythes pouvant devenir des réalités ou des expériences vécues de temps à autre. Sous la troisième république du président Tutsi, le général Paul KAGAME, l’art de mentir est une « véritable arme de destruction massive » utilisée contre des Hutus innocents.
3) L’art de mentir tel qu’il a servi dans l’agenda caché du FPR :
« Le grand ennemi de la vérité, est très souvent non le mensonge – délibéré, artificiel et malhonnête – mais le mythe –persistant, convaincant et irréaliste ». Cette définition extraite du discours de remise des diplômes à l’Université de Yale, le 11 juin 1962 par le président américain John Fitzgerald Kennedy (JFK) résume très bien comment le « mythe » du Front Patriotique Rwandais (FPR) continue de détruire le peuple rwandais et de manipuler la communauté internationale. Ce mythe est imposé et entretenu depuis plus de 15 ans par les extrémistes tutsis du FPR soutenus par leurs sponsors occidentaux et par certains médias et plusieurs sociétés multinationales qui s’enrichissent grâce au chaos créé par les guerres et les génocides en Afrique des Grands Lacs.
Le mythe fondateur du FPR a commencé avec la grande campagne publicitaire qui a été lancée au sujet du retour des réfugiés tutsi rwandais en vue de préparer l’invasion du Rwanda et la prise du pouvoir par un noyau dur de chefs militaires et politiques du FPR. L’opinion publique nationale et internationale fut manipulée savamment par des journalistes pro-FPR, séduits ou corrompus par les réseaux FPR qui ne ménageaient aucun effort pour présenter le FPR comme un mouvement politico-militaire crédible. Mais, 15 ans après le déclenchement de la guerre et du génocide rwandais, le mythe FPR s’écroule au vu de son maigre bilan et sa gestion catastrophique des problèmes sociopolitiques et socioéconomiques du Rwanda. Le FPR continue à consolider sa dictature militaro-ethniste par tous les moyens: crimes organisés, terrorisme d’Etat, corruption et séduction généralisée, délation et diffamation institutionnalisée, sabotage et chantage permanent contre les institutions onusiennes dont le Tribunal Pénal International pour le Rwanda et les pays occidentaux, etc.
Le « mythe FPR » est un ensemble de mythes qui peuvent se conjuguer à plusieurs niveaux suivants :
3.1 Le mythe n°1 : La guerre du FPR est justifiée par le retour des réfugiés tutsi dans leur pays :
Personne n’ignore qu’il existe un principe sacré par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui interdit à tout réfugié d’attaquer militairement son pays natal. Or, aucun pays, aucune organisation internationale n’a osé condamner la guerre d’invasion du Rwanda et de conquête du pouvoir par le FPR.
3.2 Le mythe n°2 : « Le FPR a arrêté le génocide par sa victoire militaire sur les forces génocidaires Hutu» :
La réalité est tout autre. Non seulement le FPR a déclenché la guerre le 1er octobre 1990 et commis le plus grand crime contre la paix, mais il a participé activement non seulement aux massacres des civils innocents Hutu, mais aussi aux massacres contre des civils innocents Tutsi (Voir interview du 2 mai 2004 du Lieutenant FPR, Josué Abdul RUZIBIZA, sur la Vox of America où il accuse le président Kagame d’avoir renforcé la milice hutu par ses « soldats techniciens » tutsi pour massacrer les tutsi). Sa guérilla meurtrière contre des paysans Hutu a poussé certains d’entre eux à massacrer des tutsi innocents. Le FPR a déclenché le génocide par l’attentat terroriste du 6 avril 1994 qui a tué les deux chefs d’Etat Hutu du Rwanda et de Burundi et leurs collaborateurs. Mi-avril 1994, le FPR a exigé le départ de toutes les troupes étrangères qui pouvaient arrêter le génocide et les massacres. Des milliers de témoignages accablants prouvent la participation des rebelles tutsis du FPR aux crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
3.3. Le mythe n°3 : « Le FPR a mis en place un gouvernement d’unité nationale avec des ministres Hutu et Tutsi de tous les partis» :
Le gouvernement mis en place par le FPR fut longtemps noyauté, contrôlé et paralysé par le noyau dur des chefs militaires et politiques du FPR avant de s’écrouler le 28 août 1995 avec la démission de l’ancien premier Ministre Faustin TWAGIRAMUNGU (ancien Président du Mouvement Démocratique Républicain (MDR) exilé en Belgique depuis 1995) et de son Ministre de l’Intérieur, Monsieur Seth SENDASHONGA (membre du FPR exilé au Kenya et assassiné le 16 mai 1998 par un commando du FPR à Naïrobi au Kenya). Le successeur de F. Twagiramungu, le 2ème Premier Ministre, Monsieur Pierre Célestin RWIGEMA, fut utilisé par la junte militaire pendant 5 ans avant d’être contraint de démissionner et s’exiler en 2000.
Après avoir emprisonné arbitrairement plusieurs adhérents du Parti MDR (Mouvement Démocratique Républicain) dont le Secrétaire général, Monsieur Pierre GAKWANDI, la dissolution du MDR, programmée par la junte militaire, fut proposée le 15 avril 2003 par un parlement complètement contrôlé et paralysé par cette même junte militaire. Dans sa réunion convoquée d’urgence vendredi 16 mai 2003, le gouvernement confirma le rapport du parlement qui avait recommandé la dissolution du MDR pour « divisionnisme » à quelques mois des premières élections présidentielle et législatives qui se sont déroulées en août et septembre 2003.
3.4. Le mythe n°4 : « Le FPR a remis en place l’appareil judiciaire et innové les tribunaux populaires GACACA pour accélérer les procès et désengorger ses prisons mouroirs» :
Après avoir essuyé une terrible épuration ethnique et politique, la magistrature rwandaise ne jouit d’aucune indépendance et se trouve dans l’étau de la junte militaire du président rwandais, le Général Paul KAGAME. Tous les magistrats courageux et honnêtes qui ont tenté de dire le droit et de défendre la loi, ont été assassinés, portés disparus, torturés, emprisonnés ou forcés de s’exiler.
Selon le journal indépendant UMUSESO n°186 du 1 au 7 août 2004, page 6, dans son article intitulée « Ubutabera bw’u Rwanda mu ihuriro ry’imihanda = La justice rwandaise au croisement des chemins », le journaliste Tharcisse SEMANA dénonce la nomination des magistrats pro-FPR qui ne jouissent d’aucune indépendance dans le cadre de la nouvelle réforme de la justice. Cette réforme a été lancée le 20 juillet 2004 avec 223 magistrats (dont 77 femmes) qui ont prêté serment devant la Cour Suprême du Rwanda. Les candidats magistrats ont été interrogés par téléphone par des agents de la DMI s’ils aimaient le FPR alors que cet interrogatoire ne faisait pas partie du test de recrutement. De cette façon des magistrats expérimentés, courageux et honnêtes n’ont pas été retenus sur avis de la DMI. Par contre des étudiants ou ceux qui venaient juste de terminer leurs études à l’Université Libre de Kigali (ULK) ont été choisis parce que la DMI les trouvait proches du FPR. Rappelons que le journaliste Tharcisse SEMANA fait partie des quatre journalistes de ce journal qui ont été contraints de s’exiler en 2003 (Ismaiël Mbonigaba) et en 2004 (Kalisa Macdowell et Sebufirira Robert).
3.5 Le mythe n°5 : « Le FPR mène une politique de réconciliation nationale » :
Les autorités rwandaises n’ont aucune volonté politique pour favoriser l’unité et la réconciliation dans la mesure où les hutu sont diabolisés et traités globalement de génocidaires. Les familles Hutu n’ont pas le droit de commémorer la mort de leurs proches massacrés par les soldats du FPR. Ils ne peuvent pas porter plainte contre ce mouvement étant donné qu’ils ne sont pas reconnus comme étant des victimes. Les tribunaux GACACA ne peuvent pas juger les criminels du FPR, ils ont été créés pour juger les seuls suspects Hutu évalués à 761.448.
3.6 Le mythe n°6 : « Le FPR a mis en place une commission Nationale des droits de l’Homme (CNDH) » après avoir chassé les observateurs de l’ONU » :
Pour tromper les rwandais et la communauté internationale, le régime FPR a mis en place avec beaucoup de publicité une commission nationale des droits de l’homme.
Voici les critiques de l’ancien Ministre de la Justice, Faustin NTEZILYAYO, sur l’incapacité de cette Commission Nationale des Droits de l’Homme :
Cette ancien Ministre de la Justice a dénoncé l’incapacité et la paralysie de cette commission dans son article intitulé « Enlisement du système judiciaire et dérive des droits humains au Rwanda » publié dans la Revue DIALOGUE n° 213 de Novembre-Décembre 1999. A cette époque il venait de fuir en janvier 1994 et de s’exiler au Canada.
« La Commission Nationale des Droits de l’Homme au Rwanda, mise en place en mai 1999, saura-t-elle répondre à ces attentes légitimes d’un peuple désireux seulement d’avoir un minimum de paix sociale pour s’atteler à son combat quotidien d’assurer sa survie et essayer de ne pas s’enfoncer de plus bel dans une pauvreté devenue endémique ? On peut en nourrir difficilement l’espoir tant le Gouvernement de Kigali semble s’être assuré la création d’une Commission taillée sur mesure et dont l’indépendance et l’efficacité risquent d’être minées par des dispositions légales et réglementaires qui assurent la mainmise de l’exécutif sur son fonctionnement.
…Des inquiétudes concernant l’indépendance de la Commission et sa capacité à mener à bonne fin sa mission en toute objectivité, proviennent surtout des dispositions sur la nomination et la révocation des commissaires. En effet, les commissaires, au nombre de 7, sont choisis par l’Assemblée Nationale de Transition pour une durée de trois ans renouvelable, sur une liste de dix candidats présentés par le Gouvernement. Les actes de nomination sont faits par décret présidentiel. De même, la Commission est dirigée par un président choisi parmi les membres de la Commission par le Gouvernement et confirmé par l’Assemblée Nationale de Transition.
Par ailleurs, la cessation des fonctions d’un ou de plusieurs membres de la Commission intervient à l’initiative du Président de la République, soit du gouvernement, soit de la moitié des députés à l’Assemblée Nationale de Transition.
Ici, le rôle du pouvoir exécutif est exorbitant. Le problème posé par des dispositions similaires dans la nomination des hauts magistrats à la Cour suprême est assez parlant. En effet, la Cour Suprême fut longtemps paralysée par le gouvernement qui voulait placer des magistrats lui acquis notamment dans des sections à compétences politiquement sensibles comme la section de la Cour Constitutionnelle chargée de se prononcer sur la constitutionnalité des lois avant leur promulgation ou celle de la Cour de Cassation, qui est la plus haute juridiction ordinaire du pays. De plus, certains hauts magistrats de la Haute Cour, pourtant dotée d’une grande expérience professionnelle, ont été unilatéralement limogés par le Gouvernement sans même en obtenir confirmation par l’organe législatif comme le requérait le respect d’un minimum de parallélisme des normes.
Il est à craindre alors que les membres de la Commission (CNDH) puissent connaître les mêmes infortunes surtout s’ils dénoncent les violations des droits humains commises par certains organes de l’appareil militaro-politique. Il faut rappeler ici les tracasseries administratives et les multiples obstacles qu’a connus l’Opération sur le Terrain pour les Droits de l’Homme au Rwanda – mise en place par les Nations Unies – surtout à propos du volet de ses activités relatives au monitoring et à l’évaluation de la situation des droits humains. Le Gouvernement a d’abord suspendu les activités de l’Opération au mois de mai 1998 pour ensuite les interdire définitivement en juillet 1998.
L’indépendance et l’objectivité de la Commission dépendront aussi de l’intégrité, l’expertise et la compétence avérées de ses membres en matière des droits humains. Mais la tâche de la commission risque d’être très ardue si, du moins, elle entend contribuer à la promotion des droits humains et non être un simple prolongement du pouvoir politique qui la surveillera de plus près et ne lui accordera que peu de marge de manœuvre. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la volonté de l’appareil politique est de la voir prolonger son discours politique pour faire croire aux observateurs extérieurs qu’un organe de « bonne gouvernance » est opérationnel dans le pays alors que le calvaire de la population civile continue.
Par ailleurs, la Commission devra fonctionner dans un environnement hostile au développement de la SOCIETE CIVILE tant la volonté des pouvoirs politiques d’empêcher la formation d’une société civile responsable et capable de mobiliser la population pour se prendre en charge est manifeste. L’exemple le plus remarquable sont les attaques et le harcèlement de l’Eglise catholique, pourtant pilier incontestable de la société civile à travers ses nombreuses activités dans le domaine de l’éducation, de la santé et des projets de développement du monde rural. En outre, de nombreuses associations ne peuvent plus fonctionner suite aux tracasseries administratives au niveau de l’agrément de leurs représentants légaux. D’autres n’ont pas pu voir le jour suite au refus d’enregistrement. Le contrôle est assez strict à tel point qu’aucune association de ce genre n’a été agréée depuis 1996 sous prétexte que la législation en la matière n’était pas à jour. Le projet de loi initié n’a jamais été soumis à l’organe législatif et un vide juridique de facto était ainsi créé, entraînant la paralysie de nombreuses associations pourtant indispensables au développement, notamment du milieu rural où le niveau de pauvreté ne fait que grandir inexorablement.
S’agissant plus particulièrement des organisations de défense des droits de la personne, elles sont complètement muselées et beaucoup d’entre elles se sont converties en organes de relais de l’appareil politique. Elles n’osent pas lever le moindre petit doigt devant les exactions commises par l’Armée sur des populations civiles, notamment dans le nord-ouest du pays, les disparitions quasi quotidiennes de personnes et leur incarcération dans des endroits inconnus et non accessibles mêmes aux membres de leur famille, les représailles commises par des groupes para-militaires, les fameux « Local Defense Forces », qui n’ont pourtant aucun statut légal ni réglementaire connu.
Comme on le voit donc, le chemin à parcourir au Rwanda pour inculquer une culture des droits humains et une justice, pilier de la restauration de la paix sociale, reste encore assez long et parsemé d’embûches ».
Le contenu de cet article de l’ancien Ministre rwandais de la Justice démontrait à quel point, la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Rwanda est un outil stratégique dont se sert la Junte Militaire du FPR pour tromper l’opinion internationale.
3.7 Le mythe n°7 : « Le FPR a organisé des élections « démocratiques » :
Après avoir imposé la dissolution du principal parti d’opposition en mai 2003, le Mouvement Démocratique Républicain (MDR), le régime FPR a organisé des élections antidémocratiques qui ont été caractérisées par des fraudes massives, des séquestrations et des emprisonnements d’opposants politiques et d’observateurs de l’opposition. Le principal concurrent du Président Paul KAGAME, l’ancien premier ministre Faustin TWAGIRAMUNGU, a été diffamé et calomnié publiquement dans les médias de l’Etat. La police a menacé de l’inculper pour divisionnisme et les autorités ont saboté et annulé ses meetings durant sa campagne électorale.
Selon la dépêche de l’AFP du 1er août 2003, ce principal opposant rwandais a estimé que la campagne pour l'élection présidentielle du 25 août 2003 commençait « sur de mauvaises bases » et a dénoncé « le début d’une dictature dure » dans ces termes : « Ce n’est pas la fin de la transition, c’est le début d’une dictature dure. Je suis très amer. On ment à la communauté internationale » a-t-il affirmé vendredi 1er août.
3.8 Le mythe n°8 : « Le FPR mène une politique de reconstruction et de reconstitution d’une société viable et équitable pour tous » :
C’est faux car le régime FPR a commandité, à travers deux rapports de deux commissions parlementaires, la destruction de la société civile en s’attaquant aux organisations des droits humains, aux confessions religieuses, aux organisations de développement, aux organisations humanitaires et à certains pays grands bailleurs de fonds de ces organisations etc…. (voir mémo du 10 novembre 2004). C’est dans ce cadre que la LIPRODHOR a été neutralisée suite à l’exil de plusieurs de ses dirigeants. L’assassinat de quatre évêques catholiques et de plusieurs prêtres a décapité la société civile.
Plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) rwandaises ont été attaquées par le Rapport du 30 juin 2004 réalisé par la Commission Spéciale du Parlement rwandais chargée d’enquêter sur l’assassinat des rescapés tutsis et l’idéologie génocidaire.
4) La délation comme une arme de destruction massive ?
Personne ne pourrait mieux décrire la délation institutionnalisée au Rwanda plus que l’ancien ministre de la justice du régime FPR, Mr Faustin Ntezilyayo.
…… « Une question préoccupante touchant directement la justice et les droits humains est celle des arrestations et détentions arbitraires prolongées sans aucun respect des normes et procédures guidant la détention provisoire.
En effet, avec l’arrivée au pouvoir du régime en place à Kigali, en juillet 1994, plusieurs personnes ont été arrêtées sur simple dénonciation par des autorités militaires et administratives (ne possédant aucune qualité légale en matière d’arrestation et de détention provisoire) et accusées de participation au génocide et autres crimes commis en 1994. Aucune instance judiciaire n’existait alors.
Dans cette confusion générale, la délation a pris le dessus et plusieurs personnes ont été jetées en prison par des gens voulant les évincer des postes qu’elles occupaient dans l’administration publique ou dans la société civile ou pour s’arroger leurs propriétés ou poussées par la vengeance ou des règlements de compte. Le pouvoir militaro-politique en a profité aussi pour incarcérer les personnes qu’il considérait comme opposants politiques ».
…….. Un autre exemple de la violation du principe de la présomption d’innocence est illustrée par des dispositions prévoyant la confection, avant jugement, de la liste des personnes rangées dans la première catégorie des personnes poursuivies pour crime de génocide et d’autres crimes contre l’humanité commis au Rwanda. … Force est de constater toutefois que la confection de cette liste a plus servi à un agenda politique d’éliminer les personnalités de l’ancien régime considérées comme opposants politiques ou d’autres personnes ayant une certaine influence au sein de la société civile qu’à l’avancement des poursuites en permettant d’identifier les vrais responsables du drame rwandais.
Il faut rappeler que la stratégie de la machine de désinformation du FPR (dont la DMI et les médias publics : Radio Rwanda, Imvaho Nshya, La Nouvelle Relève, le journal de l’armée « Ingabo ») consiste à fabriquer des fausses preuves en trois phases suivantes :
1) lancer des fausses accusations dans la rumeur publique et dans les médias proches du pouvoir ;
2) initier de fausses enquêtes (par la DMI, la police, le SRP (Service de Renseignements de la Primature), certains magistrats du Parquet et activistes d’IBUKA) au sujet de la prétendue rumeur publique ;
3) instruire et produire de fausses preuves, de faux témoins et de faux dossiers judiciaires qui sont directement suivis par des faux procès. Les faux procès aboutissent et à des condamnations et à des emprisonnements.
Le procès de l’ancien Président de la République, Monsieur Pasteur Bizimungu, a été monté grâce à ce système de délation institutionnalisée au plus haut niveau de l’Etat. Le 15 juin 2004, il a été condamné à 15 ans de prison avec son ancien ministre des travaux publics, M. Charles Ntakirutinka, et leurs « présumés complices ».
Le procès du général Laurent MUNYAKAZI et de l’abbé Wenceslas MUNYESHYAKA (connu pour avoir sauvé plus de 18.000 réfugiés à la paroisse Sainte Famille à Kigali pendant le génocide) s’est clôturé le 16/11/2007 par la condamnation à perpétuité des deux hommes.
5) Les syndicats de délateurs constituent une armée de « menteurs professionnels » pour rentabiliser le génocide.
Les délateurs sont au service d’un régime tueur, menteur et pillard qui exploite la souffrance des victimes du génocide rwandais comme une véritable « industrie du génocide ». Une industrie très rentable pour le FPR et ses sponsors.
Sous le Régime du dictateur Habyalimana, la justice rwandaise n'a jamais été indépendante et neutre, mais les délateurs de cette époque étaient essentiellement et souvent des responsables administratifs et judiciaires inféodés au régime "pro-hutu" en place. Aujourd'hui sous le nouveau régime mis en place par le FPR, des veufs, des orphelins, des militaires, des encadreurs politiques, des miliciens tutsi et des simples citoyens ont été sensibilisés (pour certains rescapés Tutsis), forcés (pour des rescapés Hutu), encouragés et sollicités pour se constituer en "associations ou syndicats de délateurs".
Ces "Syndicats de délateurs" sont couramment utilisés dans la constitution de faux témoignages et faux dossiers pour:
- permettre à l'Armée Patriotique Rwandaise (APR) et sa branche de renseignements militaires "Department of Military Intelligence (DMI) à sévir contre tous les hutus en général.
- faciliter et favoriser les arrestations et détentions arbitraires. Chaque militaire ou milicien tutsi (puisque le Front Patriotique Rwandais en a créé aussi) est autorisé à arrêter et faire incarcérer des gens sans même les interroger ou les informer des motifs de leur arrestation. Les magistrats des Parquets n'ont aucun pouvoir de s'opposer à ces pratiques maffieux de l'APR, des encadreurs politiques et miliciens du FPR présents et puissants dans les villes et les villages.
- permettre et faciliter la confiscation ou l'occupation illégale des biens appartenant aux personnes arrêtées injustement.
- intimider et éliminer des éventuels et futurs opposants au nouveau régime "pro-tutsi".
Ce climat de délation, encouragé et entretenu par les détenteurs du "pouvoir occulte", est responsable de la terreur qui s'exerce aux membres du Gouvernement, du Parlement et de la Magistrature sans "pouvoir réel". Toutes les "Institutions officielles de l'Etat Rwandais” actuel (sauf l'APR) ne jouissent d'aucune autorité et souveraineté. Elles restent noyautés, contrôlés et paralysés par un petit noyau d’extrémistes tutsi. Ce sont en fait des Institutions de façade. Les hutus de service qui y occupent des postes importants sont victimes d’un chantage permanent sous forme de fausses accusations aussi farfelues les unes que les autres . Ex : Bizimungu Pasteur, Alfred Mukezamfura, Rwigema, Gakwaya Rwaka Théobald, Sheik Fasil Abdul Harelimana, Joseph SEBARENZI, Gatsinzi Marcel,
Le "pouvoir réel" est exercé par un tout petit "noyau de chefs militaires et hommes d'affaires" extrémistes qui n'ont qu'un seul objectif: garder le pouvoir et accéder à l'avoir.
L’organisation des syndicats de délateurs :
Les premiers noyaux des syndicats de délateurs sont apparus pendant le génocide et les massacres dans les camps de “rassemblement de la population rescapée”. Ces camps créés par le Front Patriotique Rwandais (FPR) étaient destinés à vider les collines de leurs habitants pour mieux les contrôler et, disait-on, les “protéger”. La plupart des paysans qui n’ont pas pu être avertis à temps ou rejoindre ces “camps” ont été traqués et tués comme du gibier dans les bananeraies et les marais, car ils étaient considérés comme des miliciens hutu qui n’avaient pas confiance dans le FPR. Pourtant dans la zone conquise par le FPR, depuis avril 1994, les Hutu et les Tutsi rescapés vivaient ensemble dans des camps de fortune.
Petit à petit, des noyaux de veufs et d’orphelins se sont constitués pour répondre au désir de se venger sur les rescapés hutu avec l’aide de l’Armée Patriotique. Pour renforcer les dénonciations individuelles, solitaires et sans preuves, ces rescapés ont été invités et encouragés à se mettre ensemble pour témoigner collectivement contre leurs voisins hutu soupçonnés, à tort ou à raison, d’avoir participé au génocide. Les personnes dénoncées étaient amenées vers des destinations inconnues et sont introuvables aujourd’hui dans les prisons rwandaises. Certains d’entre-eux ont disparu, ainsi que leurs femmes et leurs enfants.
Galvanisés par cette terrible possibilité de décider du sort de leurs voisins, certains rescapés ont gardé et souvent exploité cette habitude de jouer au “justicier”. C’est ainsi que des milliers de Hutu, dénoncés et livrés aux soldats du FPR, sont portés disparus aujourd’hui. D’autres ont été exécutés purement et simplement dans des endroits discrets, non loin des camps de rassemblement. Quelques fosses communes et des tombes de fortune témoignent de cette intense activité des délateurs entre avril et juillet 1994.
Au mois d’août 1994, ces camps de rassemblement furent démantelés et la population rescapée rentra dans ce qui restait de ses biens. De retour sur la colline, les délateurs s’organisèrent et continuèrent leur macabre besogne d’après nos enquêtes, avec la complicité des “encadreurs politiques” du FPR.
En principe, chaque secteur peut compter un ou deux groupes de délateurs. Ainsi on peut enregistrer plusieurs “syndicats” par commune. Dans certaines régions du pays, ces syndicats portent divers noms. Par exemple, en commune Gikoro (préfecture de Kigali-rural), existe un grand syndicat communal, dénommé “commission d’enquête”, chargé de définir le degré de culpabilité d’après les aveux extorqués par la torture. Cette commission joue le rôle du policier, du procureur et du tribunal puisque ses décisions sont irrévocables.
6) Comment pourrais-je conclure mon exposé sur l’Art de mentir ?
Puisque le mensonge paie bien, l’art de mentir est un véritable don lorsqu’on sait bien s’en servir. Pourra-t-on crier un jour sur les toits du monde entier : « Heureux ceux qui peuvent mentir impunément et imposer l’art de mentir comme un nouveau mode de vie ? » Rappelons que sous d’autres cieux l’on a des proverbes tels que « le mensonge ne s’assoie sur une chaise qu’une seule fois ».
Je ne me rappelle plus quelle célébrité qui disait que : « On peut mentir plusieurs fois mais on ne peut pas mentir éternellement ». Malheureusement quelques « heureux menteurs professionnels » ont réussi à imposer au monde entier une « fausse évangile » qui fait leur fortune depuis plus de 13 ans.
MATATA Joseph
Centre de Lutte contre l'Impunité
et l'Injustice au Rwanda (CLIIR)
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