Kagame vilipende Alain Juppé et loue Nicolas Sarkozy
Agence de presse Hirondelle
Kigali, 1 avril 2011 (FH) – Le président rwandais Paul Kagame, qui accuse plusieurs responsables français d’avoir joué un rôle dans le génocide des Tutsis de 1994, a vivement critiqué Alain Juppé, tout en saluant les efforts déployés par Nicolas Sarkozy pour améliorer les relations entre Paris et Kigali.
«Le point de vue d’Alain Juppé, même son implication dans les affaires en rapport avec le génocide ici au Rwanda sont bien connus », a déclaré le chef de l’Etat rwandais qui s’exprimait jeudi à Kigali, lors de sa conférence de presse mensuelle.
Alain Juppé était, pendant le génocide de 1994, ministre des Affaires étrangères, poste auquel il a été reconduit fin février dernier par le président Nicolas Sarkozy.
« Notre opinion sur lui et sur son point de vue n’a pas changé (…) Je pense que les Rwandais ont été insultés par son attitude et ses prises de position », a dit le président Kagame.
Selon le rapport (publié en 2008) de la commission rwandaise « chargée de rassembler les éléments de preuve de l’implication de l’État français dans la préparation et l’exécution du génocide perpétré au Rwanda en 1994 », Alain Juppé a activement soutenu le gouvernement en place pendant le génocide.
Ce que le diplomate français a toujours nié.
« Mais nous prenons aussi en considération le fait qu’il y a d’autres développements positifs en France, à commencer par le Chef de l’Etat », a poursuivi le président rwandais. «Les efforts qu’il a déployés pour que cette affaire soit reléguée au passé, en vue d’aller de l’avant, sont bien connus et appréciés », a ajouté Paul Kagame.
Le président Sarkozy a effectué une visite officielle à Kigali en février 2010, qui a scellé la réconciliation entre les deux pays après trois ans de rupture des relations
diplomatiques.
Kigali avait rompu les ponts fin 2006 après l’émission par la justice française de mandats d’arrêt visant neuf proches de Kagame, soupçonnés d’implication dans l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion de l’ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l’équipage était français.
Pour la première fois alors, un président français a reconnu « de graves erreurs » et « une forme d'aveuglement », affirmant notamment que Paris n'avait pas « vu la dimension génocidaire » du régime Habyarimana auquel il apportait son soutien.
ER/GF
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