Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par JMVN

Kamerhe officeLa Croix 02/02/2011

DROIT DE SUITE

AURORE LARTIGUE

À dix mois de la présidentielle, le Parlement congolais a opté pour une élection à un seul tour, ce qui avantage le président sortant, Joseph Kabila.

« L’opposition a lancé une pétition mais même si elle recueille suffisamment de signatures, elle atterrira sur la table des mêmes parlementaires qui ont voté pour la révision de la Constitution. » Le juriste congolais Bruno Nkwim ne se fait pas d’illusions : la présidentielle du 27 novembre prochain se jouera en un seul tour en République démocratique du Congo (RDC). Sur les 608 membres du Parlement, 485 ont voté pour la modification de la Constitution proposée par le président Joseph Kabila. Un succès qui aurait été largement acheté, certains parlant d’enveloppes de 20 000 dollars données aux parlementaires.

«Le parti présidentiel se sentait en perte de vitesse, Kabila a eu peur de perdre, donc il a décidé de changer les règles du jeu », résume Thierry Vircoulon, directeur du bureau Afrique centrale à l’International Crisis Group (ICG). L’opposition, elle, dénonce une dérive totalitaire du régime. « La révision de la Constitution est légale, analyse Bruno Nkwim. Mais l’absence de débat et d’information constitue une atteinte à la démocratie. »

Pour justifier ce changement, le gouvernement avait avancé le coût exorbitant d’une présidentielle à deux tours. « L’argument financier est fallacieux, estime Thierry Vircoulon. Ce n’est pas le second tour qui coûte cher. » Les États-Unis ont d’ailleurs confirmé qu’ils apporteraient un soutien financier. Une élection à un tour permettrait aussi d’éviter une crise post-électorale comme en Côte d’Ivoire selon le gouvernement. « Le problème, ce ne sont pas les règles, ce sont les acteurs ! » s’insurge Thierry Vircoulon.

La modification du mode de scrutin n’est pas le seul amendement qui renforce le pouvoir en place. Jusqu’à présent, par exemple, le parquet était indépendant. Désormais il est placé sous la tutelle du ministre de la justice. « Une atteinte à la notion de séparation des pouvoirs », souligne le juriste Bruno Nkwim.

Pourtant, la communauté internationale ne s’est pas indignée. L’ambassadeur américain à Kinshasa, James Entwistle, a estimé qu’il s’agissait d’ « une question de politique intérieure. » Le porteparole du ministère français des affaires étrangères Bernard Valéro, a souligné que «la modification du mode de scrutin avait été opérée (…) en conformité avec la légalité constitutionnelle congolaise. »

« Le Congo est un pays grand comme l’Europe occidentale, qui compte plus de 400 tribus,explique Thierry Vircoulon. Avec un scrutin à un tour, c’est celui qui a le plus de voix qui gagne. Si vous avez 16 % et que le deuxième a 15 %, vous êtes élu.» En gagnant de cette manière, « Kabila aura certes la légitimité juridique, mais pas la légitimité politique, résume Bruno Nkwim. Pour gouverner un pays comme le Congo, il devrait chercher à fédérer les énergies. Dans les grandes démocraties, on gouverne avec des coalitions. »

L’opposition a dix mois pour se trouver un leader et offrir une alternative au président sortant.

La modification du mode de scrutin n’est pas le seul amendement qui renforce le pouvoir en place.

http://journal-en-ligne.la-croix.com/ee/lacr/_main_/2011/02/02/007/?article=3

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article