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Publié par FRANCE-RWANDA TRIBUNE

tshisekedi26/03/2012 16:58:00 KongoTimes!

Revirement à l’UDPS, les dernières déclarations du vice-Premier ministre belge en charge des Affaires étrangères en visite à Kinshasa, Didier Reynders, ont eu raison de la rencontre projetée entre lui et une délégation de l’Union pour la démocratie et le progrès sociale. En effet, le principal parti d’opposition contre le président Joseph Kabila estime qu’ «il s’agit purement et simplement d’une provocation de la part du chef de la diplomatie belge», a confié un cadre du parti d’Etienne Tshisekedi tard dans la nuit. Et pourtant pendant la journée, à l’interne, une délégation de trois personnes était constituée pour prendre langue avec l’officiel belge. «Considérer que l’ordre d’arrivée ne changerait rien aux élections du 28 novembre 2011, c’est apporter un soutien public supplémentaire à Kabila, malgré les graves irrégularités dénoncées par tout le monde», précise le même cadre. Le vice-Premier ministre belge compte rencontre l’ensemble de la classe politique congolaise. Ce revirement est un tournant sur la visite du chef de la diplomatie belge.

Pour la deuxième dans l’histoire de deux pays, la RDC et la Belgique auront une «rencontre de vérité». La première a eu lieu au lendemain de l’affaire du «Campus de Lubumbashi» et la seconde, celle qui doit en principe intervenir ce lundi 26 mars après les élections du 28 novembre 2011. Le ministre belge des Affaires étrangères est arrivé hier lundi à Kinshasa pour une visite d’Etat au moment où les classes politiques belge et congolaise sont partagées autour de cette visite pendant que la communauté internationale, figée, persiste dans une attitude prudente. Visite qui s’annonce laborieuse.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, devrait arriver dans la soirée d’hier lundi 26 mars à Kinshasa. Il devra effectuer une visite d’Etat qui s’étend jusqu’au 29 mars.

Il est vrai que cette visite a été programmée depuis longtemps. Elle devrait en principe intervenir le 20 décembre 2011, jour de l’investiture du chef de l’Etat, le président Joseph Kabila Kabange. Aussi, à la suite des observations pertinentes des missions d’observations tant nationales qu’internationales autour de l’organisation des élections du 28 novembre 2011, lesquelles observations faisaient ressortir de graves irrégularités dont ces élections étaient entachées, le ministre belge a dû reporter sine die sa visite. Son déplacement dépendait désormais des élections législatives.

C’est à la suite de la publication des résultats des législatives que le ministre belge a enfin décidé d’effectuer une visite en République démocratique du Congo, du 26 au 29 mars 2012. Outre l’état de la coopération bilatérale entre la Belgique et la RDC, le ministre belge s’apprête certainement à signer des accords économiques avec la RDC. Aussi, fait-on allusion à la mise en service d’une nouvelle compagnie aérienne dénommée «Korongo Airlines».

Un débat houleux

Seulement voilà. L’annonce de cette visite a suscité un débat houleux tant au sein des classes politiques belge et congolaise. Particulièrement, la classe politique belge qui est divisée. Ce qui explique ce fait que le ministre belge des Affaires étrangères a été entendu au moins à deux reprises au sein de la commission parlementaire ad hoc belge pour expliquer les vraies raisons qui le poussent à venir à Kinshasa. Surtout qu’il sera la première personnalité étrangère à se rendre dans la capitale congolaise alors qu’il ne s’était pas déplacé le jour de l’investiture du président Kabila. Des parlementaires belges avaient même demandé à Didier Reynders de brandir les changements intervenus pour qu’il se décide à effectuer ce déplacement.

A ces interrogations, le ministre belge avait répondu qu’il s’était appuyé sur le rapport du Centre Carter pour repousser sa visite. Et qu’en plus, les élections législatives venaient d’avoir lieu, tout en notant qu’aucun rapport des missions d’observations internationales n’avait remis en cause l’ordre d’arrivée de l’élection présidentielle. Il avait estimé qu’il n’y avait plus de motif valable qu’il ne vienne pas à Kinshasa.

Décision saluée par une partie de la classe politique belge qui estime que la Belgique ne devrait plus continuer à adopter cette attitude attentiste. Laquelle attitude a permis à la Chine de marcher sur ses plates-bandes, reléguant ainsi la Belgique au second rang alors qu’elle a toujours été à la première loge de ces partenaires privilégiés de la RDC. Au-delà du rôle de charnière qu’elle jouait au plan multilatéral.

D’autres répliquent en faisant savoir que cette visite de Reynders «légitimerait» l’élection de Kabila. Qu’il y a donc lieu de prendre du recul et attendre des signaux forts de Kinshasa suite à la pression internationale. C’est dans ces conditions que l’on a assisté à des manifestations à Bruxelles, notamment celles d’un groupe de la Communauté congolaise en Belgique qui n’apprécie pas du tout l’attitude du ministre belge des Affaires étrangères. Ce groupe s’oppose à cette visite d’Etat. Même les ONG flamandes s’inscrivent dans cette logique et condamnent cette attitude de Didier Reynders. Bien plus, celui-ci a déclaré à Mations Première que sa visite» n’est pas un soutien à J. Kabila». « J’y vais pour venir en aide à la population», a-t-il soutenu. Déclaration simpliste. Comment venir en aide à la population congolaise sans reconnaître le régime en place ? Par quelle manière la Belgique fera-t-elle passer son aide sans l’autorisation du pouvoir en place ? Déclaration contradictoire et controversée.

Visite éprouvante, disions-nous dans la mesure où elle intervient juste au moment où les Nations unies ont décidé de rendre public leur rapport sur les violations des droits de l’Homme en RDC. Violations attribuées aux forces de sécurité et qui portent atteinte à la crédibilité du pouvoir congolais. Simple coïncidence ou s’agit-il là d’un message fort envoyé à la Belgique à l’occasion justement de cette visite ? Didier Reynders est bien obligé de répondre à cette interrogation.

L’on assiste d’ailleurs à un échange épique des propos entre la Monusco et le gouvernement congolais autour de ce rapport que les pouvoirs publics de Kinshasa qualifient de partisan comportant des faussetés.

Un véritable test

Il s’agit effectivement d’une visite éprouvante. Voire laborieuse. En effet, Reynders devra jouer franc jeu. C’est-à-dire, reconnaître officiellement le régime de Kinshasa après les élections du 28 novembre. Kinshasa n’attend que cela et rien d’autre. Ou alors, transmettre seulement un message de l’Union européenne s’il en est porteur. Dans ce cas, recevoir de Kinshasa la réponse attendue par les partenaires extérieurs traditionnels.

En cas d’échec, il n’est pas surprenant que Didier Reynders paiera la facture politique au risque même de porter un coup brutal à la longévité du gouvernement Di Ruppo. Le Premier ministre belge, on le sait, a été obligé de préciser ses propos à la suite d’un message qu’il venait d’envoyer au président Kabila. Aussi, si cette visite de Reynders se solde par un «échec politique», il y aura des effets d’entraînement sur le gouvernement belge. Il s’agit alors d’un véritable test.

Marc Eyskens et Léon Tindemans, deux grandes personnalités politiques belges des années 80-90, s’étaient prêtés au même exercice au temps fort de Mobutu au lendemain de l’affaire du Campus de Lubumbashi. Ils avaient lamentablement échoué. Il a fallu l’intervention de feu le Roi du Maroc, Hassan II, avec les accords de Rabat, pour relancer la coopération entre la RDC et la Belgique, d’une part, entre la RDC et la Communauté internationale, d’autre part. C’est tout dire.

[Avec Freddy Monsa Iyaka, Bienvenu Marie BAKUMANYA, Le Potentiel]

 

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