Le prince Laurent de Belgique, fils cadet du roi, a été rappelé à l'ordre aujourd'hui au Parlement belge pour s'être rendu en République démocratique du Congo (RDC) de sa propre initiative et devra soit rentrer dans le rang, soit renoncer à ses privilèges et à sa dotation.
Surnommé "l'enfant terrible de la monarchie belge", le prince Laurent, 47 ans, s'est illustré ces derniers mois en se faisant flasher en excès de vitesse et en réclamant un traitement de faveur à bord d'avions de ligne.
Cette fois, c'est un voyage effectué "à titre privé" dans l'ex-Congo belge qui relance la polémique sur sa personne, mais aussi plus largement sur la place de la monarchie en Belgique. Du 15 au 22 mars, le prince s'est rendu à Kinshasa et dans les provinces Bas-Congo et du Katanga pour visiter des projets de lutte contre la déforestation en compagnie du ministre congolais Olivier Kamitatu et de responsables locaux, a expliqué devant le Parlement le premier ministre Yves Leterme, au lendemain de la révélation par la presse de ce voyage controversé.
Problème: cette visite s'est montée sans aucune concertation avec le gouvernement ni avec le Palais royal, alors que les relations entre la Belgique et son ancienne colonie restent d'une grande sensibilité, tant à Kinshasa qu'à Bruxelles.
"J'ai moi-même téléphoné au prince pour lui demander de reporter ce voyage", a expliqué M. Leterme. Le prince a toutefois "ignoré ses obligations en maintenant son déplacement, malgré le conseil formel du gouvernement et du Palais", a-t-il ajouté, en précisant que le président congolais Joseph Kabila avait "salué" le prince Laurent lors de son séjour en RDC. "Le statut de prince royal impose des obligations et des devoirs, au même titre qu'il lui confère des droits", a encore souligné le chef du gouvernement. Parmi ces droits, une dotation annuelle de plus de 210.000 euros accordée à Laurent depuis 2010 par le Parlement, a-t-il indiqué, en citant en contrepartie l'obligation de respecter un "devoir de retenue, de prudence et de concertation pour tout acte ou déplacement qui comporte une éventuelle dimension politique".
"Un voyage d'étude, à titre privé"
"Ce voyage était un voyage d'étude, à titre privé, et dont le but est purement scientifique et pas du tout politique. Il a été payé par la fondation (de protection de l'environnement présidée par le prince, NDLR) et pas par la Belgique", s'était défendu hier le prince Laurent, qui selon ses proches s'estime victime d'un acharnement.
"En acceptant de ses hôtes des privilèges et des facilités liées à son statut et en ayant eu des contacts avec des responsables politiques, fussent-ils informels, le prince Laurent a fait une erreur d'appréciation", a martelé Leterme. Le premier ministre rencontrera le prince pour "lui rappeler ses obligations", a-t-il annoncé.