Un journaliste congolais parle de "Paul Kagame a sacrifié les Tutsi"
Par B.A.W
© Congoindépendant 2003-2009
«Paul Kagamé a sacrifié les Tutsi»
C’est le titre d’un ouvrage de 161 pages publié aux éditions La Pagaie - Collection Ibuka-Bose.
Né de père Hutu et de mère Tutsi, ancien ambassadeur à Paris (1990-1994) et éphémère ministre des Affaires étrangères du Rwanda - sous le label MDR - après la prise du pouvoir à Kigali par le Front patriotique rwandais, l’auteur, Jean-Marie Vianney Ndagijimana, dit sa part de vérité sur le génocide rwandais. Comme le titre l’indique, il accuse l’actuel président rwandais Paul Kagamé d’avoir laissé des extrémistes hutus massacrer des Tutsi pour justifier la prise du pouvoir par la force par le Front patriotique rwandais. Il accuse également les troupes du FPR d’avoir exécuté des milliers de Hutu «parce qu’ils étaient Hutu».
Le 6 avril 1994, le Falcon 50 transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira est abattu au moment il amorce l’atterrissage sur l’aéroport de Kigali. Il était 20h30. Quinze années après, aucune enquête indépendante n’a été organisée pour identifier l’auteur ou le commanditaire de cet attentat. Tout ce que l’on sait ce que cet acte a servi de détonateur au génocide rwandais. Durant trois mois, d’avril à juillet, des extrémistes hutus ont tué des membres de la communauté tutsie. Bilan : 800.000 morts. Ces massacres ont été stoppés grâce à l’intervention des combattants du Front patriotique rwandais dirigés par le général Paul Kagame. C’est en tous cas la version répandue à ce jour par la «communauté internationale».
Selon Ndagijimana, la question du retour des réfugiés tutsis invoqué à l’origine par le FPR pour justifier l’attaque du Rwanda à partir du mois d’octobre 1990, n’était qu’un «prétexte». Il en serait de même de la signature des accords d’Arusha en 1993 entre le président Habyarimana et ses opposants donnant naissance à un gouvernement de transition.
Tout en reprochant au régime Habyarimana d’avoir commis «beaucoup d’erreurs» notamment le cas des rafles des Tutsi au lendemain des premières attaques du FPR, l’ancien diplomate conteste la thèse selon laquelle le pouvoir en place aurait planifié le massacre. «Habyarimana n’était pas un extrémiste anti Tutsi, bien au contraire», souligne-t-il. Et d’ajouter : «Bien plus, les extrémistes Hutu ont toujours accusé le président Habyarimana de surprotéger les Tutsi».
Ndagijimana dénie, dès lors, à Kagame le beau rôle qu’il s’est attribué. «Oui des Hutu ont commis des actes de génocide envers leurs compatriotes Tutsi et vice versa», martèle-t-il en liminaire. Et d’ajouter à la page 19 : «(…), le FPR de Paul Kagame a commis des actes de génocide contre les Hutu dans les zones qu’il contrôlait. Ce nettoyage ethnique anti Hutu s’est poursuivi après la prise du pouvoir par Paul Kagame, atteignant son point culminant dans les forêts du Zaïre lorsque, environ 400 000 réfugiés Hutu sont tombés sous les balles des soldats du Front patriotique rwandais entre 1996 et 1998.» A en croire l’auteur, «(…), la poursuite des massacres des Tutsi de l’intérieur constituait, d’une certaine manière, une aubaine pour Paul Kagame. Sous le fallacieux prétexte de vouloir arrêter le génocide, il s’y est dans la réalité systématiquement opposé.»
Pour l’auteur, la responsabilité des événements sanglants survenus au Rwanda en 1994 est imputable à «celui qui a ourdi l’assassinat du président». Après avoir noté que cet attentat n’a profité qu’au staff dirigeant du FPR, l’ancien ministre rwandais des Affaires étrangères d’expliquer que l’auteur de cet assassinat «a délibérément provoqué la colère et la haine folle ayant déclenché le plus grand génocide de la fin du 20ème siècle.» Et de lâcher la phrase-choc : «Paul Kagame n’est pas le représentant des rescapés du génocide contrairement à ce qu’il prétend. Il n’est pas non plus le héros que certaines chancelleries voudraient qu’il soit. Il est l’un des principaux responsables de la mort de millions de Rwandais, Tutsi, Hutu, Twa et de citoyens congolais depuis le déclenchement de la guerre du FPR en 1990.»
A l’appui de sa thèse, Ndagijimana cite plusieurs rapports rédigés notamment par des Organisations non gouvernementales internationales incriminant le FPR. «Sans hésitation, conclut-il, j’affirme que Paul Kagame a délibérément sacrifié les Tutsi de l’intérieur du pays et s’en est ensuite servi comme prétexte pour trahir les accords de paix d’Arusha et prendre le pouvoir par la force.» Il invite ses compatriotes et les «amis du peuple rwandais» à œuvrer «à l’avènement d’une Nation où l’égalité citoyenne sera le sel de l’unité, et où toute justice discriminatoire serait à jamais bannie. (...)"
B.A.W
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