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Publié par JMV Ndagijimana

Par mediacongo.net

Les premières visites du président américain dans différents coins du monde suscitent de nombreuses interrogations. Autant son discours au Caire sur l’Islam était très attendu, autant son premier discours dans le continent noir, avec cette visite à Accra, au Ghana, l’est également.
Son discours devra marquer une nouvelle ère des relations entre l’Amérique et l’Afrique. Ses propos souligneront cette volonté politique américaine à trouver des pistes de solution pour permettre à l’Afrique de briser la quadrature du cercle avec tous les conflits récurrents qui retardent son développement. Dans la région de l’Afrique des Grands Lacs, l’Amérique doit cesser avec la langue de bois pour que les masques tombent. Dans l’intérêt de la RDC, de l’ Afrique des Grands Lacs et bien sûr des Etats-Unis également.


Le président des Etats-Unis est attendu le 11 juillet à Accra, au Ghana. Si c’est pour la seconde fois que le président américain foule le sol africain, après s’être rendu au mois de juin en Egypte, ce sera la toute première fois qu’il s’adressera directement à l’ Afrique, dans le continent noir.


Au Caire, Barack Obama avait axé essentiellement son discours sur l’Islam. Il avait tenu à préciser que l’Amérique ne sera jamais en guerre contre l’Islam pour autant « que les intérêts qu’ils partagent sont plus forts que les forces qui séparent l’Amérique des pays musulmans ». Mieux, à travers son discours, il tenait à briser le cercle du soupçon et de la méfiance : « Je suis venu ici à la recherche d’un nouveau départ ».

C’est avec le même intérêt que le Africains attendent le discours de Barack Obama à Accra.

En choisissant le Ghana, des observateurs avertis relèvent que le président américain tient à honorer un pays qui fait des progrès considérables dans la gestion politique. Le Ghana, dit-on, est un cas de réussite sur le plan de la démocratie. L’alternance politique s’est déroulée dans de très bonnes conditions. Au plan économique, le progrès est manifeste avec un taux de Produit national brut toujours croissant. C’est-à-dire, un Revenu national brut de 13,9 milliards de dollars par an, le Ghana accuse un Revenu national brut par habitant de 590 USD par mois.


Dans le continent noir, plusieurs pays peuvent rejoindre le Ghana sur le sentier du progrès. A1a seule condition que lors de ce sommet qui se tient du 8 au 10 juillet 2009, en Italie, juste 24 heures avant de se rendre au Ghana, Barack Obama dise à ses collègues des pays des plus industrialisés que les « intérêts qu’ils partagent avec l’Afrique sont plus forts que les gains des groupes financiers récoltés en finançant des conflits armés en Afrique ».


LE ROLE GEOSTRATEGIQUE DE LA RDC


Les Etats-Unis et la République Démocratique du Congo entretiennent des relations traditionnelles encourageantes depuis de longues années. Alors sénateur, Barack Obama avait tenu des propos encourageants en ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo. IL mettait en garde les « gouvernements étrangers qui déstabilisent la République Démocratique du Congo pour qu’ils soient tenus pour responsables ». Aujourd’hui président des Etats-Unis, il lui revient d’aller plus loin en se dépouillant de la langue de bois. Ces gouvernants étrangers sont connus, les résolutions du Conseil de sécurité en témoignent.


En d’autres termes, Barack Obama pourrait disposer de la clé de l’énigme pour que la République Démocratique Congo ne soit plus déstabilisée et qu’une paix durable revienne en Afrique des Grands Lacs. Cette piste de solution passe par des efforts à fournir pour connaître les causes réelles du nombre de plus en plus élevé des réfugiés dans la région des Grands Lacs. Or, l’une des définitions du concept « réfugié » est le manque de démocratie, fait relevé dans le diagnostic établi dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).


Pour remédier à cette situation, les élections ont été organisées respectivement en République démocratique du Congo et au Burundi. Des élections précédées par la tenue du Dialogue inter-congolais et inter-burundais. Ces deux pays sont les seuls de la région des Grands Lacs qui se sont pliés devant la pression de la Communauté internationale. Pourquoi pas le autres ? Barack Obama devrait se prononcer là-dessus tant il est vrai que la « prochorientisation » de l’ Est de la RDC pourrait avoir comme origine les « réfugiés rwandais ».

Bien plus, il n’est un secret pour les Congolais que Washington a toujours soutenu le Rwanda dans cette « guerre des Grands Lacs ». Sans son aide, le Rwanda n’aurait pas réussi les performances militaires. Jusques à quand Washington continuera-t-il à soutenir Kigali contre Kinshasa ? Troisième interrogation pertinente.


D’autre part, en parcourant les rapports des experts de l’ONU, des multinationales anglo-saxonnes incitent aux pillages des ressources congolaises. Barack Obama aura-t-il le courage de les dénoncer et exiger des sanctions exemplaires ? Quatrième interrogation.

Il est vrai que les Etats-Unis ne se sont pas impliqués totalement dans la Conférence internationale sur la Région de Grands Lacs. Néanmoins, à travers une initiative parallèle, ils ont réussi à instituer la « Tripartite Plus 1 », regroupant la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Sont-ils satisfaits des résultats obtenus ? Cinquième interrogation à laquelle Barack Obama devrait y répondre quand il survolera, dans son discours du 11 juillet à Accra, la situation dans la région des Grands Lacs.


Mais s’il s’avère que les rumeurs selon lesquelles l’AFRICOM (Commandement militaire américain pour l’ Afrique,) y a été pour beaucoup dans l’ Opération UMOJA WETU et COUP DE TONNERRE, entre, d’une part la RDC et le Rwanda, et de l’ autre la RDC et l’ Ouganda, ces deux opérations ont laissé un goût d’inachevé. Elles n’ont pas réussi à enrayer les causes économiques qui sous-tendent les « économies de guerre », la création des groupes armés.


Pourquoi les FDLR résistent-elles ? Parce qu’elles contrôlent des zones minières où se livrent l’exploitation illégale des minerais et sont soutenues par des « groupes identitaires » qui résident à Paris, Londres, Bruxelles et Washington. Quels sont ces pays qui ont besoin du coltan, du nobium pour fabriquer des téléphones portables et offrir la matière première à l’industrie aérospatiale ? Le président des Etats-Unis les connaît ainsi que ceux qui ont besoin du diamant, de l’or et du cuivre congolais.

Les Congolais ont retenu les quatre priorités de la nouvelle politique africaine. La première relève du domaine de la sécurité et replacent la RDC au centre du débat compte tenu de sa position géostratégique en Afrique. Il sera question « de fournir aux pays africains la formation dans ce domaine précis, l’équipement, la logistique nécessaire à leur stabilité en République Démocratique du Congo, au Liberia ou au Soudan ». Cette mission, on le sait, est confiée à l’AFRICOM dont le Commandant, le Général William E : Ward a séjourné dernièrement en RDC


Bien plus, lors du dernier sommet de l’ OTAN à Bruxelles, Madame Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat américaine, et Karel De Gucht, ministre belge des Affaires étrangères, ont convenu de travailler davantage étroitement pour la restructuration des FARDC. Un premier pas a été effectué avec la relance de la coopération militaire RDC-Belgique et la signature d’un accord militaire avec les Etats-Unis pour la création de la « Brigade de réaction rapide ».


L’HEURE DE LA VERITE A SONNE


Mais à quoi serviraient ces interventions si l’on n’a pas brisé la quadrature du cercle dans la région de l’ Afrique des Grands Lacs ? A rien. Les Congolais en ont cure de la langue de bois. L’heure de la vérité a sonné pour que soit écartée définitivement cette menace de la balkanisation de la RDC. Les Etats-Unis peuvent rencontrer cette préoccupation des Congolais. Car en fait, ce plan machiavélique a bénéficié du soutien du « cabinet Clinton ». La précipitation de la chute de Mobutu a été une occasion pour que le Congo soit envahi, affaibli, et que le complot de la balkanisation de la RDC soit mis en marche.


Avec Hillary Clinton au Département d’Etat et Suzan Rice au Conseil de sécurité, les Congolais demeurent convaincus que la RDC n’est pas encore sortie de l’auberge. Les coups de boutoir vont se poursuivre pour que ce plan soit concrétisé. Sinon comment expliquer qu’ avec une force internationale de maintien de la paix de plus de 17 mille soldats, les forces négatives ne soient toujours pas vaincues et qu’aucune pression n’est exercée sur le Rwanda pour une ouverture politique comme ce fut le cas avec la RDC et le Burundi . Les Congolais attendent de Barack Obama une réponse précise.


POLITIQUE AFRICAINE : AVEC QUEL LOBBY ?


La nouvelle politique africaine des Etats-Unis se résume en cette phrase : « Avant, les Etats-Unis travaillaient pour l’Afrique. Nous voulons maintenant travailler avec l’Afrique ». Il s’agit d’un partenariat « made in Obama ».

Une chose à retenir : quel que soit le président des Etats-Unis, « il ne peut seul imposer une solution ». Obama n’échappera pas à cette réalité américaine, malgré ses origines africaines. Voilà pourquoi a fait appel à Johnnie Carson, le « nouveau Monsieur Afrique » des Etats Unis.


Obama avait déjà donné le ton dans son discours du 20 janvier 2009 : « A ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption et la fraude et en bâillonnant les opinions dissidentes, sachez que vous êtes du mauvais côté de l’histoire… Pour ceux qui veulent faire avancer leurs objectifs en créant la terreur et en massacrant des innocents, nous vous disons maintenant que notre résolution est plus forte et ne peut être brisée ; vous ne pouvez nous survivre et nous vous vaincrons ».


D’où la question de savoir avec quel lobby Obama va-t-il travailler dans le continent pour réussir sa politique africaine. Utilisera- t-il Bill Clinton, Bush ou créer lui-même son propre lobby ?


Le moment est venu pour Obama de donner un signal fort, tant il est vrai que le temps « de beaux discours est révolu » pour les Africains qui savent que les « Occidentaux réagissent toujours en retard et pour peu ». Constat d’ailleurs relevé par un ancien chancelier autrichien.


Le fait qu’il n’ait invité aucun chef d’Etat africain lors de son investiture fait dire à plusieurs observateurs « que l’Afrique ne constitue pas une priorité pour la Maison Blanche ». Que le continent africain « n’est pas un théâtre géopolitique prioritaire pour les Etats-Unis ». C’est ainsi qu’en ce qui concerne le cas de l’Afrique subsaharienne, le dossier est confié « au Département d’Etat » qu’à la Maison Blanche. Et pourtant, c’est dans cette partie de l’Afrique où existent des conflits armés susceptibles de favoriser le terrorisme international, le pillage des richesses à même de soutenir des groupes armés les plus extrémistes pour déstabiliser tout le continent et faire de l’Afrique un terrain propice à une troisième guerre mondiale. Allusion faite à la RDC, Somalie, Darfour et bientôt les pays du Golfe de Guinée avec cette réserve importante du pétrole qui pourrait bénéficier aux Etats-Unis en vue de les soustraire de la dépendance du pétrole arabe.

Le discours de Barack Obama est très attendu en République démocratique du Congo en particulier, et en Afrique en général.

 

Kinshasa, 6/07/2009 (LP/MCN, via mediacongo.net) 

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