De quel leader avons-nous besoin? (Pierre Balingayabo)
Les rwandais en général, ceux de l’intérieur en particulier sont frappés par une crise d’angoisse, par un sentiment de désespoir, qui alimentent une inquiétude justifiée.
Il y a une certitude, l’avenir de notre pays devient de plus en plus incertain, l’horizon s’obscurcit, le pire est à craindre !
Ce sentiment de désespoir est partagé par tout un peuple, les plus touchés sont les déshérités, les pauvres, les exclus de la vie socio-politique cadenassée par un petit groupe d’individus, abrités sous le parapluie FPR. Et pourtant ce parapluie est fragile !
Ces individus contrôlent toute la maigre richesse du pays, ils distribuent à tour de bras des avantages aux courtisans, rackettent les faibles, infligent des sanctions arbitraires à quiconque pense ou agit contrairement à leur volonté.
Cette situation durera aussi longtemps que les victimes subiront sans gémir, sans agir, sans réagir. Ne dis-t-on pas que les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent !
D’aucuns pensent que le salut viendra de l’extérieur, c’est-à-dire de ceux qui ne sont pas sous la coupe oppressante du FPR.
Ces rwandais de l’intérieur et ceux qui ont quitté le Rwanda pour différentes raisons politiques, sécuritaires, voire économiques, pensent que leur situation serait meilleure, si la gouvernance de leur pays n’était pas entre les mains des criminels.
Ils ont raison, mais il serait prétentieux de penser que cela suffira à écrire une belle page d’espoir. Il faudra que les nouveaux gestionnaires s’inscrivent dans une logique démocratique qui respecte les droits et la liberté de chacun.
Entre le départ des criminels qu’il faudra provoquer et l’arrivée des démocrates, il y a un espace de travail à remplir par des stratégies et des actions bien pensées.
A ce jour, les actions menées par les uns et les autres, pour sortir le peuple rwandais de ce cauchemar, me semble-t-il, ne sont pas à la hauteur des enjeux et de la situation dramatique du pays.
Certains s’enferment dans leur amateurisme politique et sont convaincus plus que quiconque qu’ils travaillent. D’autres posent des actes ponctuels qui ne s’inscrivent dans aucune logique de stratégie à long terme.
Aux grands maux, il faut de grands remèdes.
Dans le conglomérat de « leadership » rwandais, chacun pense que l’autre agit pour l’avenir du peuple.
Ce n’est qu’à l’occasion d’événements dramatiques, comme la chasse aux réfugiés rwandais au Congo par le FPR, que tout le monde se rend compte des limites des uns et des autres. Les actions sont réduites aux jérémiades, très loin des actes de bravoures capables d’ébranler les despotes de Kigali.
Ce constat amère ne les amène même pas à conjuguer leur force et leur intelligence. Tout le monde tire la sonnette d’alarme, qu’il manque de leader, qu’il nous faut un leader…
Des leaders ? Parlons-en !
Il y en a qui croient qu’ils le sont, d’autres qui pensent qu’ils peuvent l’être et que la masse populaire ne suit pas !
Dans cette logique de pensée, de jeu de ping-pong, c’est l’autre qui sera toujours responsable de l’échec. Entre temps les racines du mal continuent leur croissance et le déracinement sera plus difficile.
Ceux qui croient être des leaders ou qui prétendent vouloir le devenir, ne cessent de se lamenter à tord, qu’ils sont découragés par ceux qui lisent leur intention, leur projet pour ceux qui en ont, à travers le cliché passéiste d’être Munyanduga, Mukiga ou Mushi pour ne citer qu’eux.. Comme si cela ne suffisait pas « on » leur rappelle leur appartenance à l’ex-parti politique proche ou contre le Président Habyarimana !
Qui sont les « On » ? Ce sont des esprits chagrins, accrochés au passé qui nourrit leur haine de l’autre. Ils sont comme des vampires qui croient sucer le sang des cadavres.
Ce sont des tragiques guignols ! Si vous en trouvez encore, méprisez-les tout simplement, peut-être qu’ils disparaîtront!
Il est vrai que ces personnes soient nuisibles pour eux-mêmes et pour l’avenir du Rwanda, mais il en faudrait plus pour décourager une personne déterminée, qui croit en ce qu’il fait !
L’histoire ne nous donne-t-il pas beaucoup d’exemple à suivre ?
Ce serait dommage qu’un prétendu leader soit sensible aux pesanteurs du passé qui l’empêcheraient de penser et d’agir !
Quel vrai leader serait déstabilisé ou fragilisé par ces propos pour le moins superficiels et dénoués de toute logique.
Si vous appartenez à cette catégorie de « leader », abstenez-vous, le salut ne viendra pas de vous.
En revanche, dans votre lutte pour la libération d’un peuple (et non de vous-même), envisagez l’éventualité de tout perdre et même la possibilité de mourir pour une bonne cause.
Si vous êtes fort sans cesser d’être tendre, si vous êtes digne tout en étant populaire, si vous êtes dur sans être jamais en rage, comme le disait si bien Rudyard Kipling, vous atteindrez vos objectifs. N’oubliez jamais que les grandes réussites impliquent de grands risques.
Si vous répondez à ces caractéristiques ou pensez pouvoir les acquérir, cher compatriote allez-y ! Rien ne pourra vous arrêtez sur le chemin de la liberté. Vous serez notre leader, nous vous suivrons, car vous pourrez faire trembler les despotes de Kigali et offrir au peuple un espoir. Les générations futures seront reconnaissantes !
Toutefois, si dans votre lutte veloutée, vous aimez le confort, vous avez peur des autres, vous ne supportez pas les coups et l’humiliation, vous pensez en faire une opportunité d’affaire ! Arrêtez tout de suite, car votre chute sera dramatique, le peuple déçu pissera sur votre tombe !
C’est vrai nous avons besoin de leader, peut-être c’est vous !
Pierre Balingayabo