Affaire Nkunda. Kagame piégé.
Embarras de Kagame à extrader Nkunda vers Kinshasa : trop de dossiers secrets pèsent dans la balance
Kinshasa, 28/01/2009 / Politique
Des dossiers secrets assurément contraignent le président rwandais Paul Kagame à hésiter comme cela se remarque dans la prise décision du transfert à Kinshasa de son protégé chef de guerre tutsi Laurent Nkundabatware à ce jour encore en résidence surveillée au Rwanda
Conscient qu’il devait livrer une partie d’échecs rude avec Kinshasa, Kagame a bien pris soin d’anticiper sur le cours du jeu. Il a carrément retiré son roi de la partie. Le mettant momentanément à l’abri avant de poursuivre le jeu. Au Congo qui lui demande prestement de remettre le roi, pion indispensable pour le jeu, Kagame dit d’attendre. Car, il se trouve sous très forte pression. Pression avec sa propre conscience d’abord qui, à toutes fins utiles, lui rappelle que livrer Nkunda à la justice congolaise, c’est en réalité livrer sa propre personne par procuration. La complicité entre les deux hommes est à ce point profonde que le premier ne peut couler sans entraîner le second.
Rien ne saurait être plus fatal pour l’homme fort de Kigali. Le dernier rapport de l’Onu lui colle à ce point à la peau qu’une déposition publique du général rebelle servira de guillotine tant redoutée. Laurant Nkunda en sait beaucoup, tellement trop sur l’homme fort de Kigali qu’il ne doit pas parler. Ancien compagnon de lutte de Kagame au sein de l’APR qu’il a rejoint en 1990, il détient des secrets bouleversants. Surtout qu’au sein de cette armée, il a été un officier de renseignement en première ligne de toutes les guerres menées dans la région.
Certaines indiscrétions laissent même entendre qu’il aurait, à ce titre, pris une part active dans l’organisation de l’attentat contre le Président Juvénal Habyarimana. Mais pire, dans la guerre naguère en cours à l’Est, Nkunda sait et peut démontrer, si l’occasion lui est offerte, le rôle joué par la première dame du Rwanda. Certains ordres, si pas plusieurs, émanaient de Madame Kagame qui épaulait son époux. Les connexions d’affaires illicites sur le coltan, les noms des sociétés écran et bien plus les comptes du couple rwandais nés des différents trafics, Nkunda les connaît par cœur.
La pression vient ensuite de la nomenklatura tutsie au pouvoir à Kigali. Pour bon nombre de tutsis rwandais comme congolais basés au pays des mille collines, Laurent Nkunda est un héros. Il a, tout au long de son aventure guerrière au Kivu, protégé les intérêts commerciaux de nombreux hommes d’affaires rwandais et congolais. Principalement leurs carrières minières ainsi que leurs élevages dans le Masisi. Cela grâce à la zone tampon qu’il a réussi à imposer dans la région. Ainsi, le livrer au Congo reviendrait à trahir tous les tutsis. Si Kagame ose franchir ce pas, ceux-ci ne se feront guère prier pour l’éliminer physiquement. Il paraît fort et intouchable pour l’extérieur du système. Mais à l’intérieur de celui-ci, il n’est qu’un simple rouage qui, pour l’instant, a l’avantage de mener la barque.
Les pieds sur terre
Dans un jeu d’échecs, si l’une des parties retirait son roi du jeu, c’est qu’elle refuse de jouer. C’est aussi simple que ça. Au demeurant, les subterfuges de Kagame au moment de livrer Nkunda sont à prendre pour ce qu’ils sont : le monarque de Kigali ne tient pas à sauver Nkunda, il n’en a cure, il protège sa propre peau. Et naturellement celle de tous les bonzes de la monarchie tutsie.
C’est dans ce contexte précis qu’il faut comprendre la fin politique que Kagame exige dans le dossier. En clair, il veut que Kinshasa s’engage à l’amnistie générale en faveur de Nkunda, dans l’esprit de l’Acte d’engagement de Goma.
Pour ce faire, il n’est pas étonnant de voir le Rwanda exiger l’implication de la chambre basse du Parlement. Laquelle doit voter cette loi d’amnistie. Si ce préalable est rempli, on peut être sûr que le général mutin nous sera rendu. Mais si Kinshasa refusait la transaction par orgueil national, alors il ne reste qu’une seule issue envisageable : l’exil. Ainsi reviendra-t-on à la case de départ.
L’option avait été envisagée au lendemain de l’élection de Joseph Kabila à la magistrature suprême. Une façon de signifier que la Rdc, qui y tenait tant, ne bouffera pas du Nkunda. Parce que s’il traverse la frontière dans le sens inverse, il doit être amnistié. Sinon, il devra aller ailleurs. En tout cas, loin du Rwanda et de la Rdc. Il devra en être ainsi parce que l’arrestation de Nkunda est loin d’être une contrepartie.
Elle est plutôt une éminente anticipation sur le cours du jeu. Le Rwanda n’a pas arrêté le renégat pour nous, mais bien pour lui-même. C’est un exercice d’autosatisfaction savante sur fond d’autoprotection hautement calculée. Ce qui ressort d’ailleurs du récent communiqué du CNDP aile Nkunda.
Celui-ci nous renseigne que Nkunda a librement gagné Gisenyi à l’invitation de la hiérarchie militaire rwandaise. Il devait planifier l’offensive contre les Fdlr avec cette dernière.
(DN/Yes)
Le Palmarès
Last edited: 28/01/2009 11:19:14