RDC : Conflit du Kivu, Bosco Ntaganda met fin à la guerre !
Par KongoTimes!
Coup de théâtre ? On peut y penser. La dissidence de Cndp a fait un pas en avant en déclarant la fin de la guerre. Le fait que la déclaration ait été faite à Goma en présence des autorités militaires congolaises et rwandaises, rend l’affaire plus ou moins crédible. Mais, compte tenu de l’histoire récente de ce pays, l’opinion congolaise se montre dubitative. On sait où avait amené le mixage qui, à l’époque, était voulu comme le moyen rêvé de mettre fin à la guerre.
Il y a déjà quelques ressemblances entre le coup de théâtre de Bosco Ntaganda et ce qu’avait fait Nkundabatware à l’époque. Le ralliement des hommes de Ntaganda semble reposer sur les mêmes exigences, à savoir, se rallier et rester au Kivu pour combattre les Fdlr. On semble nous faire croire que pour combattre les Fdlr, il faut avoir appartenu aux groupes rebelles de l’Est et prendre l’option d’y rester.
La raison de douter
Quand M’Zée prend le pouvoir, les soldats rwandophones qui l’avaient accompagné refusent d’aller servir ailleurs qu’au Kivu. Conséquence, ils ont repris les armes pour occuper Goma, Bukavu et reprendre la guerre. Quand les Congolais, après le dialogue de Sun City signent l’Accord dit global et inclusif, le Rcd exige et le commandement militaire et la direction de la province du Nord-Kivu. En fin de comptes, certains des officiers du Rcd dont Nkundabatware et Ntaganda ont repris les armes après avoir refusé de prendre leur place au sein de l’armée congolaise.
Cette fois encore, Ntaganda et ses hommes demandent leur intégration dans l’armée nationale non pas pour aller servir à Kikwit, à Mbandaka ou à Matadi, mais pour combattre les Fdlr. En termes clairs, ils veulent rester au Kivu. Qu’est-ce qui prouve que demain ils ne se reconstitueront pas en un autre groupe armé pour mettre en mal la sécurité dans cette partiez de la Rdc ? Le fait même que le ralliement se fasse sous le rythme de la dissidence, ce qui est propice à laisser le problème pendant, inquiète davantage.
On sait que Bosco Ntaganda avait commencé par démettre Laurent Nkundabatware de ses fonctions de chef de la rébellion. Un comité politique avait été mis en place pour l’assister. La chanson, on la connaît, rien n’a changé, le Cndp étant resté un et indivisible. " Il n’y a pas de scission au sein du CNDP. L’armée est unique, tout comme le mouvement ", avait déclaré Kamanzi, très actif à la conférence de Goma, mais en retrait par rapport à celles de Naïrobi.
Le conflit au Cndp
La réaction du camp de Nkundabatware ne s’est pas fait attendre. " Nous ignorons la mise en place du comité politique ", avait déclaré Bertrand Bisimwa. C’est dans cet environnement que la décision de mettre fin à la guerre est intervenue. Il y a des voix qui se lèvent pour dire que le coup de théâtre de Bosco Ntaganda est sans lendemain dans la mesure où, cet officier sur qui pèse la menace du mandat d’arrêt international de la Cpi ne serait pas aussi fou pour se livrer en mettant fin à la guerre avec possibilité que Kinshasa le livre. D’autres posent même la question de savoir ce que Kinshasa a promis à Ntaganda. Kinshasa, dans le cas où il aurait promis la protection à Ntaganda, est-il capable de tenir parole sans se mettre sur le dos la communauté internationale ?
A ce sujet, sans être dans le secret de Dieu et affirmer que l’on aurait promis protection à Ntaganda contre la Cpi, on s’étonnerait que la même communauté internationale ne crée pas des problèmes à Nkundabatware et le Cndp qui, aujourd’hui, protègent cet officier recherché par la Cpi. Il y a beaucoup d’autres points évoqués pour démontrer le caractère irréaliste de la paix signée avec Ntaganda. On dit même que Bosco Ntaganda serait de l’Ituri et non du Kivu.
C’est dire que le Cndp serait une affaire des ressortissants du Kivu, ce que les dirigeants du Cndp démentent. Pour eux, le Cndp aurait une composition nationale. En plus, on nous apprend que Bosco Ntaganda est bel et bien du Nord-Kivu, particulièrement de Masisi. Le fait d’avoir combattu dans une milice en Ituri n’en fait pas fatalement un Iturien. Même s’il était de l’Ituri, Bosco Ntaganda est un rwandophone, c’est-à-dire un Tutsi.
Après le Cndp, le Pareco
On l’a toujours dit, il suffit de supprimer le Cndp pour que les Maï-Maï n’aient plus de raison d’être. En effet, si les Maï-Maï ont repris les armes, c’est après que le Cndp soit né avec des revendications ethniques. Le Cndp se donnait mission de protéger les Rwandophones. Contre quel danger et contre qui ? C’est pourquoi, pensons-nous, en relançant le dossier des minorités avec possibilité d’exploitation commune des richesses du Kivu avec le Rwanda, le président français, Nicolas Sarkozy a remué le couteau dans la plaie.
Au Kivu, on risque d’assister au retour de la logique selon laquelle les Rwandophones seraient le Cheval de Troie de Kigali. Tout ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, c’est de permettre que le Rwanda ait accès aux richesses de la Rdc. Il n’y a pas meilleure façon d’attiser la haine tribale que de faire telle déclaration dont personne n’avait besoin en ce moment précis. En attendant que les dirigeants congolais rassurent et apaisent l’opinion nationale sur ce projet, le geste des Maï-Maï du Pareco était attendu.
La déclaration faite samedi devant la presse porte la signature de Sendungu Museveni, président du Pareco. Elle a été contresignée par le colonel Mugabo Baguma, commandant des éléments Pareco dans le Masisi. Ce mouvement s’engage à cesser les hostilités à l’encontre du Cndp. C’est la conséquence de la déclaration de Bosco Ntaganda. C’est la preuve que le Pareco qui est sur le terrain et qui connaît les forces contre lesquelles il combat fait confiance au groupe de Ntaganda.
Le Pareco accepte de mettre ses troupes à la disposition des Fardc et de favoriser la libre circulation des personnes et de leurs biens. Il demande au gouvernement de restaurer l’autorité de l’Etat dans leurs entités, et que le gouvernement mette en application le plan conjoint sur les Fdlr, en vue de mettre fin au conflit dans la région, et permettre ainsi le retour des réfugiés et déplacés congolais. Le Pareco justifie son engagement par la voie de sortie qu’offre le CNDP. Sendugu Museveni, président du Pareco, explique : " Quand le CNDP dit qu’il cesse les hostilités, nous ne voyons pas pourquoi nous pourrions continuer avec la guerre, alors que notre naissance, c’était [à cause] du CNDP. "
L’attitude du gouvernement
Quelle attitude devrait avoir le gouvernement de la Rdc devant ce retournement de la situation ? On ne devrait pas s’attendre à ce que le gouvernement refuse la main tendue de cette aile du Cndp, dès le moment où il ne s’ingère pas dans le conflit interne au Cndp. C’est la raison pour laquelle il s’appuie sur toutes les logiques de paix, toutes les opportunités qui se présentent. C’est ainsi que l’on comprend la position du porte-parole du gouvernement.
Si le gouvernement saisit l’opportunité que lui offrent " les Cndp ", pourquoi ne saisirait-il pas aussi celle lui offerte par le Pareco ? C’est pourquoi, le ministre de l’Intérieur, Célestin Mbuyu, s’est félicité des entrées enregistrées, qui permettront, selon lui, au programme Amani de poursuivre avec la pacification du Nord Kivu : " Le programme Amani continue, et je suis le président de son comité de pilotage, en tant que ministre de l’Intérieur et sécurité".
Une chose est vraie, on est plus près de la paix aujourd’hui qu’hier. Il n’y a rien sans risque. Tout ce qui reste à faire par le gouvernement congolais, c’est d’être prudent.
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