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Publié par JMV Ndagijimana

Thalif Deen
NATIONS UNIES, 27 nov (IPS) - Des activistes de la paix et de défense des droits de l'Homme ne sont pas certains qu'une force de maintien de la paix plus grande soit la réponse à la crise dans l'est de République démocratique du Congo (RDC).

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont décidé la semaine dernière d'appuyer la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC) -- forte de 17.000 hommes -- avec 3.000 troupes supplémentaires, renforçant davantage sa position de force de maintien de la paix la plus importante déployée par de l'ONU.

"Le problème ici n'est pas qu'on a besoin de la puissance militaire d'une force de maintien de la paix dans l'est du Congo", a déclaré à IPS, le révérend Gabriel Odima, président du Centre africain pour la paix et la démocratie, basé aux Etats-Unis.

"La question la plus pertinente est de savoir pourquoi la communauté internationale ne s'occupe pas de la cause fondamentale du conflit dans la région", a-t-il dit.

Odima a indiqué que la communauté internationale devrait promouvoir la démocratie, fournir de l'aide, éradiquer la pauvreté, et promouvoir l'éducation et le développement dans la région.

"Ce n'est pas le moment pour les gouvernements occidentaux de fuir la crise africaine. Nous devons nous impliquer et apporter le changement et la stabilité véritables sur le continent africain", a-t-il ajouté.

La résolution, adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité le 20 novembre, a été co-parrainée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, la Belgique, l'Afrique du Sud et Costa Rica.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a lancé un appel ce jour pour 3.000 troupes supplémentaires, a également soumis au Conseil de sécurité la liste des équipements militaires dont le besoin est urgent en RDC.

Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, Ban a affirmé que pour améliorer la mobilité opérationnelle de la MONUC, il lui faut des engins aériens supplémentaires.

La liste comprend 18 hélicoptères utilitaires, (avec 260 agents, y compris l'équipage et le personnel au sol) et deux avions Hercules C-130 (avec 50 agents, dont l'équipage et le personnel au sol).

Ces engins aériens seront basés dans deux principales zones de trouble : le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

De plus, il veut des forces d'intervention rapides/des équipes de forces spéciales jusqu'à la fin de la première phase du plan de désengagement. Une compagnie d'ingénierie (175 agents) est nécessaire pour appuyer l'augmentation des troupes en RDC.

Ban cherche également 200 instructeurs/conseillers militaires pour appuyer et améliorer les programmes de formation de la MONUC en cours à l'intention des Forces armées de la RDC (FARDC).

Selon lui, ces capacités supplémentaires aboutiront à une augmentation de 2.785 hommes pour la force militaire actuelle de la MONUC, et de 300 pour son unité de police, amenant ainsi le total additionnel à un peu plus de 3.000.

Mais le révérend Odima estime qu'il n'y a aucune indication faisant état de ce que les nations occidentales vont fournir des troupes ou des équipements -- comme c'est le cas avec la force de maintien de la paix de l'ONU dans le Darfour, au Soudan, qui a aussi un besoin pressant de troupes et d'hélicoptères supplémentaires.

Un responsable de l'ONU a confié à IPS qu'il est plus probable que les troupes et le matériel supplémentaires proviennent des fournisseurs de troupes actuels, y compris l'Inde, le Pakistan, l'Afrique du Sud et l'Uruguay.

Tout en accueillant l'idée des 3.000 troupes, Juliette Prodhan, chef d'Oxfam en RDC, admet que les renforcements de la force de l'ONU débordée "constituent une partie critique de ce qu'il faut pour assurer une protection efficace des civils, améliorer la sécurité dans l'ensemble et l'accès humanitaire, et créer de l'espace pour le dialogue politique".

"Toutefois, elle a montré que "cette action du Conseil de sécurité ne fait rien pour juguler la crise immédiatement sur le terrain et ne doit pas détourner l'attention du besoin urgent d'agir plus rapidement".

Prodhan a indiqué que les populations de l'est du Congo ne peuvent pas s'offrir le luxe des trois à quatre mois qu'il faudrait normalement pour déployer les troupes supplémentaires.

"Des vies sont en danger et des milliers de gens continuent de souffrir en raison des combats intenses et de l'insécurité très répandue", a-t-elle dit.

Elle a déclaré : "Une injection rapide de troupes européennes, avec un mandat clair pour décourager la poursuite des combats et aider à protéger les civils jusqu'à l'arrivée des troupes de maintien de la paix de l'ONU, pourrait faire une véritable différence pour des millions de Congolais et montrer que l'Europe est sérieuse au sujet de sa 'responsabilité de protéger'".

Michelle Brown, représentante de l'ONU pour 'Refugees International' basé à Washington, a estimé que les gouvernements devaient engager des troupes immédiatement.

"Il y a un nombre limité de soldats de maintien de la paix dans le monde, et nous ne pouvons pas sortir 3.000 troupes supplémentaires du néant", a-t-elle souligné.

Dans une déclaration rendue publique le 20 novembre, le défenseur du maintien de la paix dans l'est du Congo à 'Refugee International', Erin Weir, a déclaré que l'Union européenne (UE), forte de ses 27 membres, est en mesure de fournir le type de force nécessaire à court terme maintenant. "Mais les dirigeants de l'UE traînent les pas", a-t-elle ajouté.

Le révérend Odima a indiqué que les politiques occidentales actuelles vis-à-vis de la région des Grands Lacs en Afrique -- y compris le Burundi, le Rwanda, la RDC, l'Ouganda, le Kenya et la Tanzanie -- comportent plusieurs défaillances.

"Le défaut fondamental est que les gouvernements occidentaux, ayant permis aux conditions du génocide de se développer et d'arriver à maturité, veulent en rajouter en ignorant que le président [Yoweri] Museveni de l'Ouganda et le président [Paul] Kagame du Rwanda ont alimenté et continuent d'alimenter le conflit à l'est de la République démocratique du Congo", a-t-il affirmé.

Ayant donné leur bénédiction aux soi-disant "nouvelles races de dirigeants", il sera maintenant extrêmement difficile voire impossible à l'Occident d'envoyer une force de maintien de la paix à l'est du Congo.

Il n'est plus un secret que les régimes de Kampala et de Kigali sont impliqués dans des atrocités affreuses, y compris des massacres dans leurs propres pays et à l'est du Congo, a-t-il ajouté.

Ban a déclaré que sa requête relative aux troupes supplémentaires était aussi basée sur les recommandations et souhaits formulés par bon nombre de dirigeants africains qu'il a rencontrés à Nairobi le mois dernier. La rencontre de Nairobi visait à résoudre le conflit en RDC.

Ban a indiqué que la MONUC "travaille dur pour protéger la paix et la stabilité et pour protéger les civils là-bas. Mais la MONUC est "débordée".

"Par conséquent, il nous faut des ressources supplémentaires en urgence. Je suis toujours inquiet du fait que même avec la forte déclaration conjointe faite par les dirigeants africains, avec l'appui des Nations Unies, des combats sporadiques se déroulent toujours, et il y des conséquences humaines sérieuses".

"Nous avons 250.000 personnes déplacées. Au moins 100.000 personnes sont privées des besoins fondamentaux. Il s'agit là d'une situation sérieuse et désastreuse. Je mobilise toutes les agences humanitaires nécessaires de l'ONU en collaboration étroite avec des partenaires internationaux pour fournir l'assistance humanitaire", a indiqué Ban.

Après la rencontre de Nairobi, il a convoqué de brèves rencontres avec les pays occidentaux -- la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Canada, ainsi que le Japon et les représentants de l'Union africaine. L'Union européenne était représentée par la France qui préside l'UE actuellement. (FIN/2008)

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