À propos de la rétractation d'Abdul Ruzibiza (A.Guichaoua - C.Vidal)
Voici le communiqué entier qui a été envoyé à la Fondation Hirondelle qui n'a pu en retenir que quelques lignes finales.
Le 14 mars 2004, Adul Ruzibiza mettait sur le net un long témoignage en kinyarwanda, suivi, le 7 avril 2004, d'un communiqué (dans une traduction approuvée par l'auteur)
http://www.inshuti.org/ruzibiza.htm
« Prétendre que tous les témoignages relèvent du négationnisme ou de la manipulation de la part de la France qui veut cacher son rôle dans le génocide, est un pur mensonge.[…] Ce sont les Français, devenus amis de Habyarimana et de son entourage, qui ont fait que je sois orphelin […] A quel prix puis-je donc oublier la mort de mon père, ma mère, mes six frères et sœurs ainsi que mes autres membres de la famille ? Quel génie peut inventer une histoire pareille ? Ce que je raconte est authentique. […] Kagame appelle cela du révisionnisme tout en sachant que c'est lui qui a déclenché ce génocide, et qui l'a rendu possible. »
Depuis ce cri de colère et ce serment de sincérité, Abdul Ruzibiza n'a pas varié dans son récit, que ce soit dans son livre, Rwanda. L'histoire secrète, que ce soit au cours de son témoignage au TPIR, que ce soit à l'intention de nombreux médias internationaux.
Aujourd'hui, Abdul Ruzibiza déclare que ses témoignages précédents étaient des « montages » et que ceci vaut pour le livre qu'il atteste avoir écrit et que nous avons, l'une, préfacé, l'autre, postfacé.
Nous rappelons cependant que ce livre a 494 pages sur lesquelles 15 pages seulement sont consacrées à l'attentat contre l'avion du Président Habyarimana. Dans ses déclarations, Ruzibiza intervient uniquement sur cet épisode pour affirmer qu'à ce sujet il a tout inventé. Nous avons eu cependant l'occasion de vérifier, avant la publication de cet ouvrage, que nombre d'informations livrées par l'auteur étaient recoupées par d'autres témoignages, autres que ceux connus par Ruzibiza. Aujourd'hui nous ne sommes pas convaincus que Ruzibiza puisse prouver qu'il a menti sur toute la ligne depuis 2003 et notamment devant le TPIR, devant la justice espagnole, que ce soit sur l'attentat, que ce soit sur d'autres points.
Quant aux mobiles de la rétractation d'Abdul Ruzibiza, nous ne savons que ce qu'il en dit lui-même et que nous n'avons pas à discuter. Il appartient aux juridictions concernées de réagir à cette revendication de faux-témoignage.
André Guichaoua, Claudine Vidal
18 novembre 2008