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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Un nouveau livre de Jean-Marie Ndagijimana, Editions la Pagaie

(Sortie mai 2016)

Le titre d'origine était "Rwanda : Dialogue National d'outre-tombe" (15€)

RWANDA : RÉCONCILIATION NATIONALE D'OUTRE-TOMBE (Réédition avril 2016)

Un livre de fiction réaliste publié par Jean-Marie Ndagijimana en octobre 2005.

La nouvelle édition intitulée "Rwanda : Dialogue-Réconciliation d'outre-tombe" intègre l'amorce de dialogue-réconciliation spontanée intervenue dans le paysage politique rwandais suite à l'éclatement du premier cercle du Front Patriotique Rwandais ayant abouti au départ en exil des "meilleurs d'entre les Afandi".

Comme dans l'ancienne version, ce dialogue-réconciliation se passe au Paradis, sous la médiation de Saint-Pierre, son gardien en chef.

Parmi les scènes les plus étonnantes de ce dialogue-réconciliation d'outre-tombe, le livre nous raconte l'arrivée au Paradis de feu le colonel Patrick Karegeya, son émouvante rencontre avec l'ex-président Juvénal Habyarimana, avec le général Rwigema, le major Bunyenyezi et leurs autres collègues du FPR originel, tous assassinés par le président actuel du Rwanda, Paul Kagame. Le rapport de situation que leur livre le nouveau pensionnaire du Paradis est absolument hallucinant. Un véritable "Rwanda mapping report" agrémenté d'un "Rwanda briefing" comme savait en faire l'ancien chef des renseignements militaires de Kagame.

Avant-propos de l'auteur de "Rwanda : Dialogue National d'outre-tombe"

"RWANDA : DIALOGUE ET RÉCONCILIATION D'OUTRE-TOMBE"

"Que font deux Rwandais qui se rencontrent pour la première fois ?

« Quelle question, me direz-vous avec étonnement ! Ils se disent bonjour, bien sûr. Puis ils procèdent aux présentations. » Gagné !! Vous avez donné une partie de la bonne réponse à ma devinette. Mais que se passe-t-il réellement dans leur tête en se serrant la main ? Sans préjudice de cas exceptionnels, je hasarde la réponse suivante : avant les présentations, ils s’observent, se jaugent, s’auscultent le nez, la taille, les cheveux, les yeux, la bouche, s’épient pour tenter de détecter quelque élément physionomique de nature à révéler l’ethnie de « l’autre » ou un accent susceptible de le rattacher à une région donnée. A cet égard, la longueur et la largeur du nez ainsi que la taille physique - les Rwandais diront « la longueur du corps!  - sont les critères de catégorisation ethnique les plus communément utilisés par mes compatriotes. Et je n’échappe pas à la règle !

Les hypocrites prétendent ne pas se reconnaître à travers ce schéma quasi-psychiatrique. Les mêmes vont jusqu’à nier l’existence des ethnies au Rwanda. Ces théoriciens de la négation expliquent leurs thèses par l’unicité linguistique qui serait l’antithèse de l’existence des ethnies Hutu, Tutsi et Twa. Ils concèdent pourtant que la langue anglaise commune aux américains d’origine irlandaise et à ceux d’origine africaine n’empêche pas les uns d’être blancs et les autres d’être noirs. Le critère linguistique est sociologiquement plus muable que celui ethnique. De manière plus réaliste, le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis au Rwanda par les belligérants entre 1990 et 1994, voire après, prouvent à suffisance que les ethnies sont loin d’être une vue de l’esprit.

Dans le même registre, l’ampleur des massacres de personnalités Hutu du Sud par d’autres Hutu notamment entre 1973 et 1976 et de nouveau en 1994 démontre la persistance du contentieux régional.

La théorie de la négation ethnique relève d’une hypocrisie malsaine et lâche fondée sur la politique de l’autruche. On ne peut pas d’une part condamner le génocide commis par des Hutu ou des Tutsi depuis 1990 et affirmer d’autre part  que les ethnies n’existent pas. Par ailleurs, reconnaître les ethnies ne constitue pas une apologie de la discrimination interethnique. Au contraire. L’approche affirmative a pour objectif d’ouvrir un débat sincère sur cette question qui a causé tant de malheurs dans notre pays. Il n’est plus ni possible ni souhaitable de l’occulter ! Et devant l’ampleur du drame, les questions taboues ne peuvent plus exister. Il n’y a plus d’idée frivole et fantaisiste ni de proposition de solution qui ne mérite pas d’être écoutée avec attention. Même les idées franchement extrêmes ont l’avantage de rappeler que l’extrémisme est toujours présent et que ses thèses circulent encore sous le manteau d’un côté comme de l’autre. Ceux qui sont ou seront amenés à débattre de la question rwandaise ne devraient rien s’interdire.

Je suis d’autant plus à l’aise que j’appartiens aux deux communautés. La moitié de ma famille est hutu, tandis que l’autre est tutsi. Même si la sociologie patrilinéaire bantoue me classe automatiquement dans le groupe ethnique de mon père. Ma bipolarité ethnique  et mon équidistance sentimentale m’autorisent, je crois, à m’adresser à mes frères Hutu et Tutsi en les regardant dans les yeux, non pas comme un donneur de leçons ou un expert, mais comme une victime permanente et automatique de leurs, -que dis-je ? – de nos pugilats mortels incessants. Alors je rêve. Car, figurez-vous, j’y ai le droit !

Je rêve d’un Rwanda pacifié dans lequel mes cousins tutsi et hutu vivraient en parfaite harmonie. Je rêve d’un Rwanda expurgé de ses démons expansionnistes, en parfaite symbiose avec ses voisins eux-mêmes pacifiés et régis par l’équité. Que celui qui n’a jamais rêvé me jette la première pierre. Personne ne s’étant manifesté, je prends le parti de ne rien m’interdire, de laisser ma plume glisser au gré des idées, sans limites et sans autocensure.

Dans le débat imaginaire qui constitue la trame de ce livre, le mot « tabou » est banni du vocabulaire. Le lecteur y retrouvera les pérégrinations imaginatives et les tribulations idéelles qui hantent le sommeil de bon nombre de nos compatriotes. Quel rescapé du génocide ou quel exilé rwandais adulte ne s’est jamais réveillé en sursaut, le corps tout en sueur, tremblant de peur, après avoir fait un cauchemar de course poursuite au cours de laquelle des hommes armés le poursuivaient pour le tuer ?

Beaucoup d’autres passent des nuits blanches devant leur écran d’ordinateur à se creuser les méninges, à imaginer des solutions, à inventer le Rwanda de demain. Et chacun croit être le seul à avoir raison.

Qui a raison ? Qui a tort ? Dans les lignes qui suivent, Dieu le Père ne tranche pas. Il laisse les idées s’exprimer. En attendant que les Rwandais trouvent eux-mêmes des solutions à leurs problèmes.

Ce livre  n’a pas pour ambition de servir de document de travail à un quelconque débat politique. Ce n’est absolument pas le but poursuivi par son auteur. Cependant à travers les pistes ouvertes par les experts d’outre-tombe qui, faute de temps, sont loin d’avoir mis le doigt sur toutes les questions que se posent les Banyarwanda, l’auteur interpelle l’imagination de ses compatriotes. Reconnaître le fait ethnique ? L’occulter ? Le dépasser ? Inventer de nouvelles ethnies pour noyer ou diluer la question ? L’auteur penche visiblement sans l’avouer vers une approche affirmative et intégrative des ethnies afin de mieux en banaliser les différences et les antagonismes."

Avant-propos du livre "Rwanda : Dialogue National d'outre-tombe"

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M
Le problème des ethnies au Rwanda cache un vrai problème dont les Rwandais devraient discuter sans les masques : comment partager le pouvoir entre les diverses composantes de la société rwandaise dans un esprit de justice et dans le respect mutuel ? A vrai dire, il s'agit de dépasser l'option "nazie" de certains Rwandais qui croient qu'ils sont nés pour commander. Ils s'abritent alors derrière la soi-disant absence d'ethnies pour mieux continuer leur ségrégation ethnique. Quiconque ose faire remarquer le déséquilibre ethnique est alors considéré comme un divisioniste, voire comme un génocidaire invétéré. C'est tout simple. Et c'est peut-être pour ne pas avoir compris ce jeu "malin" que des milliers de Rwandais sont morts.<br /> Comme le disait un ancien, "il n'y a pas de plus grand malheur que d'y voir clair et d'être sans pouvoir".<br /> Wait and see.<br /> <br /> MC Bazayire