Tribunal Pénal International : Bosco Ntaganda alias "Terminator" vu par la FIDH et par HRW
Un lecteur de TFR nous a envoyé le commentaire ci-après. Nous le partageons avec tous nos lecteurs :
Bonjour à tous,
Bosco Ntaganda est jugé au TPI la Haye depuis fin Août dernier et les charges sont lourdes, très lourdes .
Selon la Croix :
".../...Treize crimes de guerre et cinq crimes contre l’humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003. C’est ce dont est accusé Bosco Ntaganda, 41 ans, dont le procès devant la Cour pénale internationale (CPI) a débuté à La Haye."
Le Monde du 2 Septembre dernier nous en apprend un peu plus:
"...Quoique scandaleux, cet acte d’accusation ne donne pas la pleine mesure de ses crimes présumés : ses transactions secrètes et illégales dans le commerce minier de la région restent peu abordées.
Il est soupçonné d’avoir dirigé des persécutions pour motif ethnique, tuant ses victimes par balles, flèches ou bâtons cloutés. Et tandis que la population congolaise subissait ses exactions, on le voyait dans les médias, dînant dans de somptueux restaurants et hôtels de luxe. La presse l’a surnommé « Terminator » en raison des horreurs dont il est l’auteur. Bosco Ntaganda n’a pas encore indiqué s’il plaidait coupable ou non."
".../...Mais loin de son image rapportée par les journaux, Bosco Ntaganda s’est enrichi grâce aux minerais du Congo. Il possédait des mines et taxait indûment les réseaux du commerce minier. L’ONG Global Witness a signalé comment il supervisait un énorme trafic de substances minérales vers le Rwanda via sa résidence privée, stratégiquement située à la frontière."
".../... Bosco Ntaganda était un pivot central : son arrestation a contribué à démanteler les itinéraires institutionnalisés de contrebande à destination du Rwanda. Mais d’autres officiers corrompus continuent de gérer le trafic et la taxation illicites des substances minérales via de nouveaux réseaux plus diffus."
Sur le viol utilisé comme arme de guerre en RDC, le Dr Denis Mukwege, Prix Sakharov 2014 a désigné certains coupables :
https://www.youtube.com/watch?
Ce procès de Bosco Ntaganda au TPI, une première, est un début de victoire pour les Congolais et pour tous ceux qui demandent justice :
http://service.vigile.quebec/
et c'est pour cela que je me suis intéressé à la couverture de ce procès par deux ONG qui travaillent dans le domaine des droits de l'homme : la FIDH et HRW... car pour ce qui est de la presse et des média français dans cette région, je suis, depuis longtemps, plus que méfiant...
J'ai été très surpris, à propos du CV de l'accusé par la discrétion de violette de la FIDH par rapport à l'exhaustivité du document de HRW : dans le document de la FIDH, il n'y a strictement rien sur son CV avant 2003. HRW par contre nous donne des informations beaucoup plus précises :
"Bosco Ntaganda est un chef rebelle qui a été actif dans divers groupes armés dans l’est de la RD Congo depuis la fin des années 90".
".../... Ntaganda est né en 1973 à Kinigi, au Rwanda. Alors qu’il était un jeune adolescent, il a fui en RD Congo dans le contexte d’attaques menées contre les Tutsis au Rwanda. Il a commencé sa carrière militaire en 1990 au sein du Front patriotique rwandais (FPR), un groupe rebelle rwandais basé en Ouganda ; le FPR a par la suite mis fin au génocide au Rwanda en 1994 et a formé le gouvernement qui est encore au pouvoir aujourd’hui au Rwanda. Ntaganda a ensuite rejoint l’Armée patriotique rwandaise (formée par le FPR) et a participé à l’invasion de la RD Congo en 1996. En 1998, lors de la « deuxième guerre de la RD Congo », il a rejoint un groupe rebelle congolais soutenu par le Rwanda, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Il a ensuite transité par différentes milices congolaises avant de rejoindre l’Union des patriotes congolais (UPC) en 2002. L’UPC était un groupe armé qui prétendait défendre les intérêts de l’ethnie hema dans le district de l’Ituri, dans le nord-est de la RD Congo".
Il est évident que cette discrétion sur le CV de Bosco Ntaganda (7300 caractères dans le document de la FIDH et 35 000 dans celui de HRW) est absolument le fruit du hasard.
Quiconque verrait dans cette étonnante discrétion de la FIDH sur le CV de Bosco Ntaganda par exemple la suite logique :
1. de graves compromissions avec le FPR, et ce dès le début des années 90 avec l'active participation de la FIDH à cette commission d'enquête internationale (CIE) de 1993 afin de désinformer au profit du clan kagamiste. On notera que la version totalement biaisée fournie par ce rapport de la situation du Rwanda à cette date sert toujours de référence à la doxa. Voir sur ce sujet les chapitres 7 et 8 de "Noires fureurs blancs menteurs",
http://www.cfcpi.fr/spip.php?
http://www.marianne.net/L-
ne serait évidemment qu'un adepte de la théorie du complot, voire un négationniste et un révisionniste patenté.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les compromissions de la FIDH, une synthèse du Colonel Robardey sur 25 ans de louvoiement de cette ONG :
et l'on rapprochera l'article récent de la FIDH (voir pièces jointe) de la déclaration suivante dans la Croix du 23 Juin dernier à propos de l'arrestation de Karake Karenzi :
".../... De fait, cette arrestation est importante car elle s’attaque à un tabou : la part prise par le FPR dans les violences au Rwanda et en RD-Congo. « Ce sujet est très rarement abordé, constate Florent Geel de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), pourtant Paul Kagame et ses proches ont aussi commis des exactions à grande échelle, pour lesquelles ils n’ont jamais été jugés. "
Tabou dites-vous ? Je vous laisse juge du courage de la FIDH pour lever ces tabous en comparant les deux articles : celui de la FIDH et celui de HRW.
Excellente lecture.