Burkina Faso : les putschistes assurent lutter contre "la déstabilisation" du pays
Le général Gilbert Diendéré nommé par les putscistes à la tête du Burkina
Des militaires ont annoncé ce jeudi la destitution du président Michel Kafando et la dissolution des institutions en vue "d'élections inclusives". Le pouvoir en place dénonce un coup d'Etat. Les frontières ont été fermées.
Coup d'Etat au Burkina Faso. Les militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui ont pris en otage une partie de l'exécutifmercredi, ont annoncé ce jeudi matin la dissolution des institutions de la transition et la destitution du président intérimaire Michel Kafando. Un couvre-feu est instauré de 19 heures à 6 heures, et les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu'à nouvel ordre.
Les frontières ont été fermées et les putschistes ont nommé au pouvoir le général Gilbert Diendéré, un ancien chef d'état-major de l'ex-président Blaise Compaoré. "Nous sommes passés à l'acte pour empêcher la déstabilisation du Burkina-Faso" en raison de "l'insécurité pré-électorale", justifie le général Gilbert Diendéré dans un entretien àJeune Afrique, promettant que des élections auraient bien lieu, mais plus tard. Michel Kafando et son Premier ministre, Isaac Zida, "ont été placés en résidence surveillée" mais "vont bien et seront relâchés", assure-t-il.
En France, François Hollande "condamne fermement le coup d'Etat qui a eu lieu au Burkina Faso. Il appelle à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées, à la remise en place des autorités de la transition et à la reprise du processus électoral", lit-on dans le communiqué de l'Elysée. "Un processus électoral était en cours", rappelle le président français dans une vidéo complémentaire, déplorant que des "groupes puissent empêcher cette transition démocratique qui est en cours". "Il ne peut pas y avoir de légalité avec des putschistes", a-t-il encore estimé.
Le Quai d'Orsay appelle de son côté les Français se trouvant sur place à rester chez eux. "Des troubles importants se déroulent en ce moment à Ouagadougou. Il est recommandé aux Français présents à Ouagadougou de rester confinés à leur domicile", indique le ministère des l'Intérieur dans un communiqué, qui conseille aussi "aux voyageurs de reporter tout projet de voyage au Burkina Faso
Se présentant comme un "conseil national de la Démocratie", le comité militaire se félicite d'avoir mis "fin au régime déviant de la transition." "Le président de la Transition est démis de ses fonctions.Le gouvernement de transition" et "le Conseil national de la Transition" sont "dissous", a énuméré à la télévision nationale un militaire, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba.
Dans la foulée, les militaires ont promis qu'ils mettront en place des élections. "Une large concertation est engagée pour former un gouvernement qui se dévouera à la remise en ordre politique du pays et à la restauration de la cohésion nationale pour aboutir à des élections inclusives et apaisées", a poursuivi Mamadou Bamba.
Le RSP est la garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré,chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir. L'unité dénonce notamment la loi n'autorisant pas les partisans de l'ancien président déchu à se présenter à l'élection présidentielle qui devait avoir lieu le 11 octobre et devait mettre fin à la transition. Elle est considérée comme "une armée dans l'armée", selonLe Monde.
Le texte électoral que les militaires dénoncent est très controversée et rendait "inéligibles" tous ceux qui avaient soutenu un "changement inconstitutionnel", soit la tentative de Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels.
Sur place, un journaliste freelance s'interroge toutefois sur le rôle du "reste de l'armée", alors que des manifestants disent ne "plus vouloir du RSP".
Le président du Conseil national de la transition (assemblée de transition) Cheriff Sy, a appelé sur RFI "le peuple à se mobiliser immédiatement contre cette forfaiture". "C'est une question de rapport de force" a-t-il lancé, dénonçant un "coup d'Etat".
Des tirs étaient régulièrement entendus jeudi matin à Ouagadougou, quadrillée par les militaires de la garde présidentielle qui ont notamment mis en place des barrages tout autour de Ouaga2000, le quartier où se trouve le Palais.