Par RFI
Au Burundi, douze ans après la date prévue par l’accord de paix d’Arusha de 2000, l’Assemblée nationale a mis en place, mercredi 3 décembre, après une séance marathon de plus de huit heures, la commission Vérité et Réconciliation, la CVR. Elle a élu ses membres, en l’absence des députés du principal parti tutsi du Burundi.
Dotée d'un mandat de 4 ans, la CVR aura la lourde tâche de faire la lumière sur les différents massacres interethniques commis depuis l’indépendance en 1962 à 2008, date de signature du cessez-le-feu avec la dernière rébellion du pays, d’établir les responsabilités ou promouvoir le pardon et la réconciliation.
Au final,11 personnalités ont été choisies, six Hutus, quatre Tutsis et un Twa dont quatre femmes, conformément aux quotas prévus par la loi. Ces choix ont été faits malgré le boycott de cette plénière par des députés du principal parti tutsi du Burundi, l’Uprona.
L’Assemblée nationale, outrageusement dominée par le parti CNDD-FDD au pouvoir, a mis à la tête de cette toute nouvelle commission Vérité et Réconciliation deux personnalités de premier plan, très respectées et qui font l’unanimité au-delà de leurs groupes ethniques.
Mgr Jean-Louis Nahimana, un Hutu qui dirigeait jusqu’ici la commission Justice et Paix de l’Eglise catholique du Burundi, a été élu président, et Mgr Bernard Ntahoturi, un tutsi archevêque de l’Eglise anglicane du Burundi, vice-président.
Mercredi soir, le tout nouveau président avait l’air grave à la sortie de l’hémicycle de Kigobe, à Bujumbura. « C’est une tâche très lourde. La génération actuelle nous avons une grande responsabilité. C’est à nous de rompre ce cycle de violence et pour y arriver, il faut que la lumière soit faite sur tout ce qui s’est passé dans ce pays ».
De son côté, le parti Uprona dénonce une CVR qui répond selon lui aux seuls intérêts de l’ancienne rébellion hutue aujourd’hui au pouvoir. Mais Mgr Jean-Louis leur tend la main. « La politique de la chaise vide ne paie pas », dit-il.