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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Alain Juppé: «Michaëlle Jean va redonner à la Francophonie un nouvel élan»
 

Alain Juppé, ancien Premier ministre français. REUTERS/Charles Platiau

Alain Juppé est en ce moment à Dakar pour le premier Forum économique de la Francophonie. Ce forum fait suite au sommet de la Francophonie, au cours duquel la canadienne Michaëlle Jean a été nommée nouvelle secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). A Dakar, au micro de Coralie Pierret, l’ancien Premier ministre revient sur cette nomination et sur les dernières crises politiques africaines.

RFI : Vous êtes actuellement à Dakar pour le premier Forum économique de la Francophonie. Après la Francophonie culturelle, la Francophonie politique, la Francophonie économique, c’est la nouvelle feuille de route de l’OIF ?

Alain Juppé : Les trois se tiennent comme je l’ai dit dans ce beau Forum. Je suis d’abord très attaché à la Francophonie qui est un combat pour la modernité, pour le multilinguisme, pour la biodiversité d’une certaine manière. C’est un bien commun que nous partageons avec 200 à 250 millions d’hommes et de femmes à travers la planète. Mais il va de soi que cette Francophonie doit aussi prendre une dimension économique, parce que le commerce, les échanges font intimement partie des relations entre les hommes. J’ai eu l’occasion de dire combien je croyais dans l’avenir de l’Afrique aujourd’hui, qui sera le continent émergent du XXIe siècle. Puis enfin, mon troisième message, c’était pour dire que la France ne devait pas laisser se distendre ses liens historiques avec l’Afrique. Plus que jamais nous devons être présents sur ce continent.

Pour la première fois, un non Africain est à la tête de l’OIF. Michaëlle Jean a été nommée. Le consensus était là, mais le consensus était houleux. Est-ce que ça va laisser des traces ?

C’est le choix des chefs d’Etat et de gouvernement africains. Par définition, ce choix est le bon. Je connais par ailleurs Michaëlle Jean puisque je vivais au Canada lorsqu’elle était gouverneure générale du Canada. C’est une femme de grande qualité, extrêmement dynamique, enthousiaste, et qui a fait beaucoup pour la Francophonie déjà dans ses différentes fonctions. Avec le soutien de l’ensemble des Etats membres, elle doit redonner à la Francophonie un nouvel élan. Ce sera difficile parce que Abdou Diouf a assuré le secrétariat général de main de maître, comme chacun le sait.

Est-ce que le quinzième sommet a été impacté par les évènements au Burkina Faso ?

On en a parlé. Bien entendu, nous sommes tous attachés à la démocratie, aux progrès de la démocratie. Là, on a eu l’exemple d’un mouvement populaire qui s’est imposé finalement sans violence. Donc la France, qui a cessé depuis bien longtemps d’interférer dans les changements de gouvernement ou les changements de régime, en a pris acte.

En mars 2012, vous étiez alors ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy. Dans une interview, vous aviez mis en garde Blaise Compaoré, vous aviez parlé de « bricolage de Constitution ». Deux ans et demi après, finalement les faits vous ont donné raison ?

Oui, on ne peut pas passer en force contre son opinion publique. Il ne s’agit pas d’imposer un modèle extérieur à tout le monde, mais on voit bien que quand l’opinion ne suit pas, ça ne marche pas. On en a eu l’exemple au Sénégal ici, j’étais à l’époque ministre des Affaires étrangères. On en a eu de nouveau un exemple au Burkina Faso. C’est dommage que ça se soit terminé comme cela pour Blaise Compaoré.

Vous regrettez le départ de Blaise Compaoré ?

Je n’ai pas dit ça. J’ai dit qu’on aurait pu penser pour lui une sortie un peu meilleure.

Justement une sortie un peu meilleure, on parlait de lui éventuellement pour présider l’OIF ?

La décision est dépassée.

Que pensez-vous des propos de François Hollande à l’ouverture du 15ème sommet lorsqu’il a parlé des changements de Constitution en Afrique ? Est-ce qu’il est allé trop loin ?

La démocratie, le respect des règles démocratiques fait partie de l’ensemble des valeurs communes des Etats membres de l’Organisation internationale de la Francophonie. C’est par consensus que les choses doivent évoluer. Quand on essaie de passer en force pour changer une Constitution, voilà le résultat que ça donne.

Ce n’était pas un peu paternalistes ces propos ?

La France est toujours accusée de paternalisme quoi qu’elle fasse. Je pense qu’il faut faire attention effectivement à la bonne formulation de ses idées.

Quand vous, vous parliez de « bricolage de Constitution », ce n’était pas un peu paternaliste ?

Décidemment, on n’en sort pas. Comme vous l’avez dit vous-même, aussi bien au Sénégal qu’au Burkina, l’histoire me donnait raison.

Est-ce que un printemps africain se dessine ?

Il faut être prudent avec ce concept, parce qu’on voit bien que les printemps arabes n’ont pas toujours donné le résultat qu’on en attendait, sauf peut-être pour l’instant en Tunisie à qui je souhaite d’ailleurs, bonne marche sur la voie de la démocratie. Aujourd’hui les choses évoluent et l’exigence démocratique des peuples en Afrique devient très forte. L’Union africaine aussi a édicté un certain nombre de règles, de principes qui, je crois, constituent un progrès.

Nicolas Sarkozy propose de monter un comité avec les anciens Premiers ministres. Dominique de Villepin a accepté. Qu’en est-il pour vous ?

Je vois Nicolas Sarkozy mercredi prochain et je l’écouterai pour savoir ce qu’il a à nous proposer. Je vous propose d’en reparler mercredi.

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