Les nominations aux deux grands postes européens toujours en discussion
La décision du Britannique David Miliband de rester outre-Manche complique la recherche d’un consensus pour se doter d’un président et d’un haut représentant
Choisir un président du Conseil européen et un haut représentant aux affaires étrangères est une première pour les Européens. Menant cet exercice diplomatique de haut vol, la présidence suédoise a décidé de se donner du temps. Un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement n’est convoqué que pour la soirée de jeudi 19 novembre à Bruxelles.
D’ici là, le premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, poursuit ses coups de fil. « Il faut deux jours pour faire le tour de mes 26 homologues », a-t-il précisé avant-hier à l’adresse de la France, qui juge inefficace sa méthode.
Les jeux paraissaient pourtant presque faits la semaine dernière. Paris et Berlin appuyaient un ticket Van Rompuy-Miliband, le premier ministre belge se voyant offrir la présidence permanente du Conseil européen et le ministre britannique des affaires étrangères, le poste de haut représentant aux affaires étrangères, deux fonctions créées par le traité de Lisbonne.
Mais l’entente franco-allemande a finalement moins joué un rôle d’entraînement qu’un effet contraire, irritant d’autres pays, la Suède en tête, qui craignent le fait accompli.
Surtout, l’un des deux pressentis, David Miliband, a fait depuis défection, affaiblissant le « ticket » avec Van Rompuy. « Il a très sérieusement envisagé le poste mais veut rester loyal au Labour », justifie à La Croix un expert proche de l’intéressé, Charles Grant. « Il a des chances de devenir premier ministre un jour et ne veut pas les ruiner en quittant maintenant le navire », plaide-t-il, ajoutant des raisons familiales.
L’hypothèse d’un retour à Bruxelles de Peter Mandelson, actuel ministre britannique de l’industrie, n’est guère jugée crédible tant son rôle reste incontournable au sein du gouvernement Brown jusqu’aux législatives du printemps.
Quant à Tony Blair, toujours défendu pour présider le Conseil européen, il suscite trop d’hostilité sur le continent. « Londres veut surtout un grand portefeuille économique dans la prochaine Commission », estime Charles Grant.
Le centre gauche européen, qui revendique le poste de haut représentant, avance depuis d’autres candidats, notamment italiens. Mais Fredrik Reinfeldt n’exclut pas qu’au final le sommet de jeudi européen se conclue sur de tout autres noms.
Sebastien MAILLARD (à Bruxelles)