Quand Paul Kagame fait chanter les témoins de l’attentat du 6 avril 1994
Comme cela était attendu, grâce à l'opération "Rose Kabuye" montée par les services de Bernard Kouchner, Paul Kagame a pu accéder au dossier du juge Bruguière. Nous l'avions déjà écrit sur ce blog, cette violation des procédures a eu comme première conséquence la mise en danger des témoins, en particulier ceux se trouvant encore sur le territoire rwandais.
Dès réception du dossier Bruguière mettant Paul Kagame et son entourage en cause dans l'attentat contre l'avion du président Habyarimana le 6 avril 1994, les services rwandais ont convoqué un à un les témoins censés avoir permis au juge français de percer le mystère de cet attentat déclencheur du génocide rwandais. Selon diverses sources dignes de foi, plusieurs témoins résidant à l'étranger, parmi lesquels le lieutenant Abdul Ruzibiza, ont été approchés par des émissaires du gouvernement rwandais pour leur proposer de se rétracter en échange de quelques faveurs sonnantes et trébuchantes. Un de ces témoins retournés par le régime rwandais, Monsieur Richard Murenzi, vient de se rétracter à la suite de ces pressions inacceptables. Jean-François Dupaquier, jounaliste connu pour ses positions pro Kagame, s'est chargé du reste : faire passer la pillule du mensonge, oubliant ou faisant semblant d'oublier que les faits sont têtus.
Les faits
Le 6 avril 1994, l’assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana à la veille de la mise en place du nouveau gouvernement de transition découlant des accords de paix d'Arusha (4 août 1993) provoqua un vide institutionnel sans précédent au Rwanda. Comme on le sait, cet assassinat a déclenché le génocide rwandais.
En novembre 2006, après huit ans d’enquête à la demande des familles des trois membres d’équipage français morts dans l’attentat du 6 avril 1994, le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière publia un rapport concluant à la responsabilité du président Paul Kagame et de neuf personnalités de son entourage, tous membres du Haut commandement de l’armée du FPR. Des mandats d’arrêt internationaux furent lancés contre ces personnalités dans une ordonnance de soit-communiqué datée du 17 novembre 2006. Le juge recommandait au Tribunal Pénal International pour le Rwanda de se saisir du cas de Paul Kagame protégé par son immunité de fonction. Quelques jours plus tard, le gouvernement de Kigali prit unilatéralement la décision de rompre les relations diplomatiques et de coopération avec la France, en représailles à ces mandats d’arrêt.
Preuves matérielles de la responsabilité de Paul Kagame
S’agissant des missiles sol-air utilisés pour abattre l’avion du président Habyarimana, l’ordonnance du juge français en ses pages 37 et 38, révèle que « les investigations diligentées auprès de la Fédération de Russie en exécution d'une commission rogatoire internationale en date du 19 juin 2000 ont permis d'établir que les deux missiles utilisés le 6 avril 1994 provenaient de l'arsenal militaire ougandais ; Qu'il résulte en effet des informations communiquées par le Parquet Militaire de Moscou, en exécution d'une demande d'entraide judiciaire, que les deux missiles portant les références 04-87 - 04814 pour l'un et 04-87 - 04835 pour l'autre, avaient été fabriqués en U.R.S.S. et faisaient partie d'une commande de 40 missiles SA 16 IGLA livrés à l'Ouganda dans le cadre d'un marché interétatique ; Attendu qu'il s'avère que l'armement du FPR, y compris les moyens antiaériens, provenaient de l'arsenal militaire de l'Ouganda ; Que le Professeur Filip Reyntjens, entendu dans le cadre de la présente enquête, faisait état de ce que les membres des services de renseignements ougandais lui avaient confirmé que les missiles sol-air utilisés pour l'attentat avaient été remis par l'Ouganda au FPR. »
L’arme du crime identifiée
La chaîne de l'enquête s'est refermée sur Paul Kagame. Et il n'y pourra plus rien. Ni aujourd'hui, ni demain.
L’arme du crime - les missiles utilisés - a donc été bien identifiée. Son propriétaire aussi : le FPR de Paul Kagame. Aucun doute n’est plus possible, à moins de prouver que le juge Bruguière et son équipe ont menti ou produit un faux en écriture.
Le pays d’origine des missiles – la Russie - a confirmé les numéros de référence des missiles utilisés dans l’attentat. Le pays importateur - l'Ouganda en l’occurrence - a accusé réception de ces missiles, et ses officiels reconnaissent les avoir ensuite cédés à Paul Kagame. Pour boucler l’enquête, des officiers du FPR membres du Network commando avouent s’en être servi pour abattre l'avion.
Le régime de Paul Kagame a eu tout le loisir de contre-vérifier le rapport sur l'origine desdits missiles. Pourquoi n'a-t-il pas démenti les affirmations des officiels ougandais confirmant que ces missiles venaient de leur arsenal acheté à l'Union soviétique ? Quelle preuve veut encore Paul Kagame ?
Sachant tout cela, qu’est-ce qui pousse Jean-François Dupaquier et Collette Braeckman à jouer les porte-parole de Paul Kagame responsable de millions de morts au Rwanda et dans la région des Grands lacs ?
Quelques séjours à l’Hôtel des Mille Collines aux frais de la DMI (services de renseignements militaires de Paul Kagame) via le Lt Col Emmanuel Ndahiro suffiraient-ils pour expliquer l’attitude de certains journalistes qui donnent l’impression d’avoir vendu leur âme ? Les « blancs-menteurs » seraient-ils en réalité des « blanchisseurs » de crimes contre l’humanité ? L’article de Colette Braeckman/Jean-François Dupaquier le laisse penser. Les deux journalistes tomberont de très haut le jour où, libéré de toute pression, le soldat Murenzi les désavouera publiquement.
Source : Rwanda Tribune - Ibukabose