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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Terreur intellectuelle : comment le lobby pro-Kagame en France a voulu m'empêcher de dire la vérité sur les crimes du FPR.

Extraits du livre PAUL KAGAME A SACRIFIE LES TUTSI, Jean Marie Ndagijimana, Éditions la Pagaie, 2009. ISBN : 978-2-916380-07-0

 

Révisionnisme par ci, négationnisme par là

 

« Parler de génocide commis par le FPR est une forme de révisionnisme » dixit Bernard Kouchner

 

Je sais d’ores et déjà à quoi je m’attends en écrivant ce livre. Être voué aux gémonies du négationnisme et du révisionnisme. C’est un défi quasi existentiel lorsque l’on sait le sort qui est généralement réservé aux négationnistes et aux révisionnistes confirmés. Ce défi je l’assume, car la Vérité n’a pas de prix. Je franchis le Rubicon sans états d’âme. Je suis un exilé politique depuis 1994, loin de mon pays. J’ai été accueilli par la France parce que ce pays représentait une alternative au climat de terreur qui règne dans mon pays. Si je devais encore vivre dans la peur de m’exprimer dans le pays qui est aussi ma deuxième patrie, je ne vois pas ce que je ferais en France.

 

On l’aura compris, selon Bernard Kouchner, on est négationniste ou révisionniste à partir de l’instant où l’on ose dénier à Paul Kagame d’avoir arrêté le génocide ou lorsqu’on affirme qu’il a sacrifié les Tutsi de l’intérieur pour pouvoir prendre le pouvoir par la force. Ou qu’il a, lui aussi, commis des actes de génocide. Pourtant de nombreux crimes du FPR ont fait l’objet de rapports officiels des Nations Unies, d’ONG des droits de l’homme comme Human Rights Watch, Amnesty International. Réclamer toute la vérité sur le génocide rwandais, c’est selon le gouvernement Kagame et ses amis, une forme de négationnisme. Les réunions ou manifestations publiques, les conférences et colloques non organisés ou non parrainés par le pouvoir rwandais sont automatiquement censurés et qualifiés de négationnistes avant même leur tenue. Cette forme de censure mémorielle commence tant et si bien à entrer dans les mœurs de certaines organisations qu’elles n’hésitent plus à utiliser la violence physique pour empêcher les gens de parler. Cela s’est vu à Bruxelles, et à la Haye.

En France, les tentatives d’intimidation et de censure n’ont, jusque là, été que médiatiques ou politiques comme dans le cas de Bernard Kouchner. Ou à travers des écrits d’associations comme Survie, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda, et Genocide made in Rwanda. Cette dernière s’est lamentablement distinguée en déversant de la peinture rouge sur la tête de l’ancien ministre des affaires étrangères, Monsieur Hubert Védrine dont on connaît le patriotisme, la droiture et l’esprit de mesure. Cette association a été condamnée par la justice pour cette agression physique sur la personne de Monsieur Védrine.

Le 20 octobre 2007, un colloque organisé à Paris par l’association Démocraties sur « Le rôle de la France dans le drame rwandais » s’est tenu au Sénat. Quelques jours avant, des associations françaises proches du régime de Kigali ont remué ciel et terre pour faire annuler l’événement.

En désespoir de cause, ils ont lancé une campagne médiatique pour décrédibiliser ce colloque où devaient intervenir des personnalités politiques, militaires et médiatiques. L’Agence rwandaise d’information publia une dépêche ayant comme titre « Un colloque négationniste va se tenir au siège du Sénat français » citant comme source un certain Alain Gauthier, président du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda.

Cette dépêche accusait les organisateurs de préparer un colloque négationniste et révisionniste. Alain Gauthier alla même jusqu’à envoyer une lettre de protestation au président de la Commission des Affaires Étrangères du Senat, Monsieur Xavier de Villepin qui devait d’ailleurs intervenir dans ce colloque.

Parlant de moi et citant Alain Gauthier, la dépêche de l’agence rwandaise d’information écrit « C'est Jean-Marie Vianney Ndagijimana, ancien ambassadeur du Rwanda à Paris qui annonce la tenue de ce colloque. Il est considéré comme l'un des principaux animateurs des forces négationnistes en France. » Le temps d’une dépêche de presse, je devins le chef de file des négationnistes sans que l’on me dise sur quoi serait fondée cette accusation grotesque. Qui aurait pu imaginer qu’en France, pays démocratique s’il en est, des personnes se croyant tout permis joueraient les apprentis sorciers et se permettraient de lancer des fatwas contre ceux qui ne partagent pas leurs analyses ? Monsieur Gauthier aurait pu assister au colloque et juger sur pièce au lieu de se livrer à un procès d’intention digne des républiques bananières.

 

Autre cas de tentative de censure : le 14 mars 2009, j’étais invité par une association d’Angoulême à donner une conférence sur l’importance de la question mémorielle dans le processus de réconciliation nationale au Rwanda. Charles Onana, journaliste d’origine camerounaise, devait parler de la Justice internationale pour le Rwanda. Une salle du Centre socio culturel avait été apprêtée pour abriter la conférence. La veille de la conférence, un collectif d’associations locales appartenant au réseau Maison des Peuples et de la Paix contacta officiellement la Mairie d’Angoulême pour protester contre la venue dans la ville d’un dangereux « génocidaire », moi en l’occurrence. Sans vérification préalable, la Mairie d’Angoulême, propriétaire des lieux, retira l’autorisation d’utiliser la salle pour cette conférence prétendument « négationniste ». La mention de mes anciennes fonctions de ministre des affaires étrangères a, semble-t-il, suffi pour que la salle soit retirée aux organisateurs.

Qu’à cela ne tienne. Face à cette difficulté logistique de dernière minute, les organisateurs ne s’avouent pas vaincus. Ils conviennent avec le propriétaire d’un bar situé à deux cents mètres de la salle pour y organiser la conférence. Le 14 mars à 14 heures, les membres de l’association organisatrice font le pied de grue devant la salle du Centre socio culturel pour réorienter les invités vers le bar, le temps d’une conférence « négationniste » ! Finalement, la conférence à laquelle assistaient des élus municipaux, des prêtres, des habitants d’Angoulême et quelques africains, se passa dans le calme, les « saboteurs » ayant préféré s’abstenir. Dans ma communication, je remis bien sûr les pendules à l’heure au sujet des accusations sans fondement proférées contre moi par le réseau pro FPR d’Angoulême. Plusieurs participants dénoncèrent comme moi cette manipulation sans nom et la conférence connut finalement un succès inattendu grâce à ces « blancs menteurs », pour utiliser l’expression de Pierre Péan.

A Angoulême, la tentative d’intimidation et de censure s’est donc retournée contre ses auteurs. Dans les conclusions, plusieurs participants ont suggéré de dénoncer ces agissements qui veulent enfermer l’opinion publique française dans une grille de lecture décrétée par le FPR et ses alliés étrangers comme la seule reflétant la vérité sur la tragédie vécue par le peuple rwandais.

Que le lecteur ne se méprenne pas. Cet incident n’a pas eu lieu à Kigali, au Rwanda. Cela s’est passé à Angoulême, en République française, région Charente, au cœur de la France profonde, le quatorzième jour du mois de mars de l’An 9 du vingt et unième siècle ! Quelle ne fut donc ma déception de constater que, même dans un pays démocratique comme la France, au 21ème siècle, des « affaires Dreyfus » sont encore possibles.

 

La seule consolation m’est venue du Directeur de cabinet de la Mairie d’Angoulême que j’ai eu au téléphone trois jours après la conférence. Regrettant que la Mairie se soit laissé abuser par des hommes sans scrupules, ce fonctionnaire qui était présent aux débats du 14 mars reconnut que le contenu et le ton de la conférence étaient à mille lieux du négationnisme et du révisionnisme annoncé par la fameuse association. Tant mieux pour la Démocratie et pour la liberté d’expression en France. Avec l’espoir que cette manipulation ratée serve de leçon à tous ceux qui, en France ou ailleurs, ont choisi le mensonge et le terrorisme intellectuel comme seul cheval de bataille dans la campagne de désinformation financée à grands frais par le régime de Paul Kagame.

 

Au colloque de Paris comme à la conférence d’Angoulême, l’objectif des associations au service du FPR est d’intimider les participants afin de tuer dans l’œuf tout son de cloche divergeant de leur grille de lecture des événements. Le 20 octobre 2007 à Paris comme le 14 mars 2009, le jeu n’a pas totalement fonctionné mais il aurait pu. Pareille atteinte à la liberté d’expression destinée à imposer le règne de la pensée unique est inacceptable en France. Elle procède d’une stratégie développée et utilisée systématiquement par le régime de Paul Kagame pour réduire au silence tous ceux qui sont censés s’opposer à ses thèses sur le génocide ou sur le rôle de la France au Rwanda. Ce qu’il réussit sans difficulté au Rwanda. Des signes tangibles laissent malheureusement penser que certains officiels français risquent de tomber dans le piège de Paul Kagame. Ce terrorisme intellectuel devrait être banni dans la Patrie des droits de l’homme.

En prenant fait et cause pour Paul Kagame auteur du massacre de centaines de milliers de Rwandais, les associations et les personnalités qui le soutiennent se rendent complices des crimes de masse dont le président rwandais est responsable et pour lesquels les preuves abondent.

Oui, les Hutu ont droit à la vie. Oui le FPR de Kagame a massacré des centaines de milliers de civils Hutus. Si l’affirmer et le répéter signifie être négationniste, alors oui, je serais un négationniste et je l’assumerais sereinement. Pour quelle raison les Hutu Faustin Twagiramungu, Seth Sendashonga, Pasteur Bizimungu, Paul Rusesabagina et bien d’autres seraient-ils des « justes » lorsqu’ils dénoncent et condamnent le génocide des Tutsi, alors qu’ils deviendraient, comme par magie, des négationnistes, des révisionnistes et des idéologues du génocide lorsqu’ils dénoncent et condamnent le massacre de civils Hutu par le FPR ? L’exemple de Faustin Twagiramungu est le plus révélateur de tous. Président du parti MDR jusqu’en avril 1994, il avait été désigné pour diriger le premier gouvernement de transition à base élargie découlant des accords de paix d’Arusha. En avril 1994, les miliciens Interahamwe massacrèrent tous ses frères et sœurs ainsi que leurs enfants. En tout plus de trente membres de sa famille directe assassinés. Des Hutu comme leurs bourreaux ! En juillet 1994, il devient Premier ministre du nouveau gouvernement dominé par le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame, avant de démissionner en 1995 pour protester contre le massacre des Hutu par le régime. En la matière, il n’y a pas mieux indiqué que lui pour parler en toute neutralité. En particulier, on ne peut pas l’accuser de soutenir ceux-là mêmes qui ont massacré sa famille. Qu’est-ce qui le rend suspect lorsqu’il témoigne sur les crimes commis par l’armée du gouvernement qu’il dirigeait entre juillet 1994 et août 1995 ? En l’espèce, l’ancien Premier ministre a, dans divers témoignages, accusé le FPR d’avoir commis des actes de génocide contre les populations Hutu. Mais pour Alain Gauthier et son réseau pro-FPR, l’ancien Premier ministre, comme Sendashonga et les autres « justes » ne seraient que des menteurs et des affabulateurs lorsqu’ils témoignent contre Paul Kagame !

Il devient de plus en plus évident que bon nombre d’humanitaires autoproclamés sont en réalité engagés corps et âme derrière une cause dont ils n’ont pas saisi tous les contours. Lorsqu’ils ouvriront les yeux, il sera trop tard. En attendant ils continuent de se comporter comme des porte-flingues du FPR en France.

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