TUMENYE AMATEKA YA MUYAGA YATANGIYE KUWA 01/11/1959 UMUNSI DOMINIKO MBONYUMUTWA AKUBITWA
Document manuscrit authentique que le Sous-chef Mbonyumutwa relate à ma demande (Jaspers) expresse, le 06-11-1959 les événements du NDIZA du 03-11-1959.
Les incidents au Ndiza
Par Mbonyumutwa D., S/chef à Mahamba
1. Vendredi matin :
J’ai quitté ma S/chef à l’ordre du chef Gashagaza pour Gitarama au Kabgayi afin d’avoir ma photo et celle de ma femme. Arrivé au centre de négoce de Remera où je devais prendre un véhicule, un commerçant NTUYAHAGA m’a dit que ce serait mieux pour moi de ne pas partir car je risquais d’attraper les coups ou la mort. Je n’y ai pas tellement cru et je suis parti malgré cet avertissement.
A midi :
Je me trouvais à Gitarama, et en plus je suis entré dans un magasin pour m’abriter. Quelqu’un m’a trouvé sur place et m’a dit « N’entre pas au bar de Monsieur Meral, comme dit-il, une équipe des unaristes vous attend et désire vous battre. Immédiatement après les pluies, je me suis retiré de Gitarama et j’ai rejoint mon logement habituel.
2. Samedi matin :
J’ai quitté mon logement et me suis dirigé chez Monsieur Rhenihard, A.T.A. de Gitarama pour lui demander de me photographier. Après la prise de photo, je me suis rendu à Kabgayi où j’ai rendu visite au nommé Kimonyo frappé des unaristes de Gacurabwenge. Sur la route, les gens que je rencontrais me disaient : « C’est prochainement votre tour d’être frappé parce que vous appartenez à l’APROSOMA, les S/chefs du Ndiza ont suffisamment travaillé pour vous mettre dedans.
Samedi soir :
Durant mon absence à Mahumba, (d’après ce qu’on m’a dit dès mon retour) les gens de ma sous-chefferie se trouvaient à Remera (C.N) avec leurs armes, car disent-ils des étrangers devaient arriver pour tuer notre S/chef.
Vers le soir, les gens se sont divisés en deux groupes, un qui est resté à Remera pour attendre mon retour et un autre groupe pour aller veiller sur ma maison.
3. Dimanche 01/11/59 :
En plus de ma S/chefferie, tous les gens du Ndiza avaient appris que je devais mourir le jour même, c’est pourquoi ils sont venus bien armés pour assister à la messe à Kanyanza. Après la messe, tous les gens n’ont pas quitté la mission, mais ils ont préféré se mettre sur la route de
Kanyanza à Remera avec leurs armes.
Il paraît que le chef Gashagaza aurait interrogé tous ces gens pourquoi ils se sont munis de leurs armes alors que c’est un jour du dimanche. Ils auraient répondu qu’ils voulaient venir au secours de leur S/chef qui est absent depuis 3 jours.
Et que sa trahison est bien certaine. Ils auraient même ajouté que si leur sous-chef ne revient pas en bon état, ils feraient retomber la responsabilité sur lui-même.
Vers le soir du dimanche, les gens ont fait de même que le samedi, ils se sont divisés en deux équipes, une qui est restée à Remera et une autre qui est allée veiller sur la maison et sur les enfants.
4. Lundi (02/11/59):
Les gens ont continué à guetter le départ des étrangers et n’ont quitté Remera que quand ces derniers étaient partis.
Je suis arrivé lundi vers 8h du soir, j’ai trouvé chez moi 12 hommes qui gardaient ma maison et je m’étonnais du fait com ce n’était plus la coutume.
Quand j’ai interrogé ces hommes pourquoi ils veillaient chez moi en si grand nombre, ils m’ont raconté toute l’histoire depuis samedi.
5. Mardi 03/11/59 :
Ma chefferie a organisé une délégation et a appelé quelques types des autres S/chefferies pour
……..le Ndiza afin de se rendre près du chef Gashagaza pour le convaincre du complot du samedi et du dimanche contre les bahutu importants du Ndiza et ensuite de lui dire de quitter la chefferie car au lieu de chercher du bien il cherche du mal pour sa chefferie.
Pendant que les gens parlent au Chef, le S/chef Nkusi est arrivé et a commencé a embêter les bahutu en leur disant : « Vous venez sans doute défendre votre illustre S/chef Mbonyumutwa, tout cela est en vain, il devra disparaître s’il ne l’est pas déjà. Vous bahutu êtes-vous capables de faire quelque chose contre les batutsi » en même temps qu’il disait cela, il a voulu prendre un bâton d’un type en lui disant que 2 ou 3 batwa ou swahili peuvent anéantir une équipe des bahutu comme celle-ci.
Le muhutu se croyait alors menacé, a répondu au S/chef Nkusi : « Laissez-moi tranquille, je sais me défendre. Alors les bahutu ont tapé sur Nkusi mais très légèrement, il est entré dans la maison du chef Gashagaza a pris un arc et a lancé des flèches sur les bahutu. Ces derniers ….
Et ont commencé à lancer des pierres sur les fenêtres. La bataille a ainsi commencé.
Mbonyumutwa D.
Reçu le 06-11-59 à 11h à Nyabikenke.
A.T. JASPERS