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Publié par JMVN

Article du 02/10/2010

Vendredi, le Conseil des Droits de l'homme des Nations unies (CDH) a publié son rapport sur les atrocités commises en République démocratique du Congo pendant la période 1993-2003.

Yannick Vely (avec Reuters) - Parismatch.com

 

Une décennie d’horreur, de meurtres et de viols. Le rapport du Conseil des Droits de l'homme des Nations unies (CDH) dresse le terrible bilan de dix années d’exaction en République démocratique du Congo. Les faits concernent la période 1993-2003 et mettent en lumière des crimes de guerre systématiques qui pourraient être requalifiés de génocide. «Aucun rapport ne peut décrire de manière adéquate les horreurs subies par la population civile», écrit dans l'avant-propos la Sud-Africaine Navi Pillay, Haut Commissaire de l'Onu pour les Droits de l'homme. Au moins 21 groupes congolais armés ont été impliqués dans de graves violations des droits de l'homme ainsi que des forces militaires de pays voisins, rwandaises, burundaises ou ougandaises. Selon le rapport, tous ont eu recours au viol comme arme contre les civils et au moins 30000 enfants ont été recrutés de force dans les milices armées ou les différentes factions gouvernementales.

Le rapport établit aussi un lien entre ces exactions et l’exploitation par des opérateurs locaux et étrangers des ressources naturelles qui abondent au Congo comme le cuivre, le cobalt, l’or, ou encore le coltane, minerai rare qui donne du tantale métallique, produit utilisé notamment dans les téléphones portables, les consoles de jeu ou l’industrie de pointe. Les mines à ciel ouvert de coltane sont aujourd’hui au cœur d’une véritable guerre civile au Kivu, région frontalière du Congo avec le Rwanda.

LA COLÈRE DE KIGALI

Le gouvernement rwandais a officiellement réagi à la publication du rapport qui accuse son armée de nombreux crimes de guerre. A la suite d'une fuite laissant entendre que ses forces avaient participé à un génocide, le Rwanda avait déjà menacé en août dernière de retirer ses troupes engagées dans une mission de maintien de la paix au Darfour. «Ce rapport constitue une nouvelle tentative de déformer l'histoire du Rwanda et de prolonger l'instabilité dans la région des Grands Lacs», a estimé Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement. Kigali a de nouveau menacé de mettre fin à ses engagements futurs avec l'Onu. «Cela rouvre de vieilles blessures», a déclaré à Reuters l'ambassadeur d'Ouganda au Congo, James Kinobe.

La période examinée par le Conseil des Droits de l'homme des Nations unies (CDH) couvre les années de troubles et de guerres qui ont suivi la perte d’influence puis la chute du dictateur Mobutu qui a «régné» sur la République démocratique du Congo de 1965 à 1997. Seul un tribunal pourra déterminer si les violences commises contre les Hutus qui s’étaient réfugié au Congo par l’armée rwandaise relèvent du crime ou du génocide, explique le rapport, mais déjà Kigali rejette la tentation d’établir un double-génocide dans la région.

Le 6 avril 1994, par l’attentat commis sur la personne du président rwandais, Juvénal Habyarimana, débutait l’un des pires génocides de l’histoire. Pendant 100 jours, une folie meurtrière va plonger le Rwanda dans la terreur. Sur les injonctions de la Radio des Mille Collines, instrument de propagande haineuse aux mains du Hutu Power, le parti extrémiste hutu auquel appartenait Juvénal Habyarimana, les Hutus modérés puis les membres de l’ethnie Tutsi vont être massacrés avec systématisme. 800 000 Rwandais périrent en un peu plus de trois mois, selon les chiffres avancés par l’ONU.

Après avoir mis fait aux massacres, l’armée régulière rwandaise a envahi une partie du territoire congolaise afin de traquer les responsables hutus. Les forces rwandaises ont dans un même temps participé à la guerre civile congolaise, en aidant les rebelles de Laurent-Désiré Kabila à prendre le pouvoir à Kinshasa. Ileka Atoki, ambassadeur du Congo à l'Onu, a d’ailleurs réclamé une aide internationale pour aider son pays à traduire en justice les auteurs des violences commises durant cette période.

Ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner avait pris une position sans ambiguïté en mars 2008, dans la revue Défense nationale et sécurité collective, en mars 2008. «Je ne peux pas cautionner cette vision simpliste et infamante qui fait des Tutsis les responsables de leur propre malheur, pas plus que je ne peux supporter d’entendre certains défendre la thèse d’un double génocide Tutsi et Hutu», avait-t-il expliqué. En février dernier, Nicolas Sarkozy s’était rendu à Kigali. «Nous sommes ici pour réconcilier des nations, nous sommes ici pour aider un peuple qui a été meurtri», avait-il déclaré. Paul Kagamé, le président du Rwanda, avait alors abondé dans le même sens. «Refusons d'être otage du passé. Des erreurs ont été reconnues, on en a discuté et, au fur et à mesure que nous abordons cette réalité, l'essentiel est de regarder vers l'avenir». Malgré ses déclarations de bonne volonté, les cicatrices du passé ne sont pas prêtes à se refermer. 

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