OBJECTIF REPENTANCE : PAUL KAGAME RASE NICOLAS SARKOZY DANS LE SENS DU POIL
Rwanda : Sarkozy n'était "pas très loin" des excuses
AFP
Le président rwandais Paul Kagame estime que les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy sur les "graves erreurs" de la France au Rwanda n'étaient "pas très loin" des excuses attendues par Kigali pour le rôle supposé de Paris dans le génocide, dans un entretien à paraître lundi dans Jeune Afrique.
Invité à réagir au fait que le président français n'ait pas formulé d'"excuses" pour le rôle de la France au Rwanda entre 1990 à 1994 (du début des offensives de la rébellion tutsi contre le pouvoir hutu jusqu’au génocide), Paul Kagame répond: "Ce qu'il a dit à ce sujet n'était pas très loin de cela".
"Dans ce contexte, avec les réticences et les oppositions qui, je l'imagine, n'ont pas manqué de surgir en France, c'était courageux de sa part", poursuit le président rwandais.
La visite de Nicolas Sarkozy à Kigali en février dernier a scellé la réconciliation entre la France et le Rwanda, après trois ans de rupture des relations diplomatiques consécutives à l'émission de mandats français contre des proches de Paul Kagame.
Pour la première fois alors, un président français a reconnu "de graves erreurs" et "une forme d'aveuglement" , affirmant notamment que Paris n'avait pas "vu la dimension génocidaire" du régime du président hutu Juvénal Habyarimana qu'il soutenait alors, et dont l'assassinat le 6 avril 1994 est considéré comme un déclencheur du génocide.
Le régime rwandais actuel, issu de la rébellion tutsi qui a renversé les partisans extrémistes hutu de Habyarimana, accuse la France d'avoir entraîné et armé les futurs génocidaires, une accusation que récuse catégoriquement la France.
"Nous aurons à gérer cette réconciliation. Je n'ignore pas qu'à Paris, certains milieux et certaines personnes, sans doute prisonniers de leurs responsabilité s passées, n'y étaient pas favorables", affirme M. Kagame.
"Ici même, au Rwanda, vous trouverez des gens qui vous diront que la France aurait dû rendre des comptes, et que ces retrouvailles étaient prématurées", poursuit-il, avant d'ajouter : "L'important, c'est que le processus soit honnête et sincère de part et d'autre. Et je crois qu'il l'est".