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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise


Un enfant, devant une fresque peinte sur un mur de Tombouctou, le 24 juillet 2013.
Un enfant, devant une fresque peinte sur un mur de Tombouctou, le 24 juillet 2013.
REUTERS/Joe Penney

Par RFI

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, réunit pour deux jours des représentants politiques, traditionnels et religieux de tout le pays pour des «Assises nationales pour le nord». Si certains groupes armés du Nord doivent aussi participer aux discussions, les touaregs du MNLA et le Mouvement arabe de l'Azawad ont refusé de se rendre à Bamako.

Avec notre correspondant à Bamako,

Les Assises nationales pour le nord se tiennent au sud, à Bamako. Tout un symbole. 
Salem Ould el Hadj est un historien, notable de Tombouctou, la principale ville du nord du Mali. Pour lui, ce ne sont pas ces Assises qui vont régler les problèmes, car il n'y voit que «des dispositions politiques». Pour ce notable de Tombouctou, « même si Bamako vient, il faut que l’on s’entende à la base : l’entente, ce n’est pas la loi, ce n’est pas une ordonnance. C’est la pratique de chaque jour... Les gens qui s’allient, qui se marient, etc. Ce sont les acteurs locaux qui doivent se pardonner. »

► A (RE)ECOUTER : Mali: rentrée scolaire à Tombouctou

Parmi ces acteurs locaux, il faut compter avec les membres du Comité de crise de Tombouctou, qui s’était constitué à Tombouctou pendant l’occupation pour jouer les médiateurs entre les groupes armés et la population. Aujourd’hui constitué en association, le Gabvi, ce comité prône un dialogue franc qui permette aux différentes communautés, songhaï, arabe et touarègue notamment, de se dire tout ce qu’elles se reprochent depuis des années.

« Dire un certain nombre de vérités »

« Combien de fois il y a eu des dialogues ? Combien de fois il y a eu des accords ? », interroge Diadié Hamadoune Maïga, président du Gabvi. Pour lui, « si ces accords ont été boudés, c’est parce que les gens n’ont pas été impliqués qu'ils n’ont pas été associés. Ils n’ont vu aucune retombée de ces accords ». Conclusion du président du Gabvi : « le moment est venu pour nous de nous dire un certain nombre de vérités et que chacun se comporte conséquemment. »

Chacun sera-t-il prêt à tout entendre ? Comment éviter les débordements et les amalgames ? Comment surmonter des rancœurs vivaces ? C’est tout l’enjeu des discussions qui devront nécessairement avoir lieu.

→ A (RE)LIRE: Où sont passés les jihadistes qui ont combattu au Mali ?

Des discussions qui s’ouvrent ce vendredi à Bamako au lendemain de la visite, jeudi 31 octobre, du procureur de la Cour pénale internationale. Fatou Bensouda s’est en effet entretenu avec le ministre malien de la Justice, Mohamed Ali Bathily, au sujet des crimes perpétrés dans le pays, et particulièrement dans le nord, au cours des derniers mois.


Des Assises suivies de près par les déplacés du Nord

Le déroulement de ces discussions sera suivi de très près par les habitants de Sikasso, dans le sud-ouest du pays. La région a accueilli jusqu'à 13 000 déplacés au début de l'année et fin 2012. Christine Muratet s'est rendue dans une famille qui avait accueilli huit parents de Tombouctou, encore sous le choc, mais qui veulent croire à la réconciliation.

Avec notre envoyée spéciale à Sikasso,

La famille Diallo, un couple et ses deux petites filles, vit dans le quartier périphérique Hamdalaye, à Sikasso. Mais en début d’année, huit personnes de plus sont arrivées de Tombouctou : des neveux, des nièces et la vieille maman de 75 ans, encore sous le choc de sa fuite face aux islamistes. «Nous avons quitté nos maisons en courant. Il y avait des armes derrière nous et devant nous. Ils ont pris la ville, toute la ville. Nous sommes fatigués, malades», témoigne la vieille dame.

 

Se réconcilier avec ses anciens « amis d'enfance »

Sa fille vit à Sikasso, mais elle a grandi à Tombouctou. Comble de douleur pour la famille Diallo, c’est un «ami d’enfance», un songhaï, qui l’a dénoncée auprès des jihadistes. Un ami avec lequel Mme Diallo était allée à l’école. «C’est lui qui a montré la maison de notre sœur», explique-t-elle. Sa sœur quitte la maison le lundi. Le mercredi, les islamistes sont chez elle. Ce jour-là, «ils ont tout cassé.»

→ A (RE)LIRE: à Sévaré, des milliers de déplacés dépendent toujours de l'aide humanitaire

 

Mme Diallo s’en «remet à Dieu» pour le pardon. Quant à Abdoulaye Touré, le président du Collectif des ressortissants du nord de Sikasso, il veut, lui, croire en la réconciliation malgré tout : «Il s’est passé des choses terribles au Nord, que l’on ne peut même pas imaginer avant de les avoir vécu. Peut-être, à la longue, va-t-on réussir à oublier. Mais, néanmoins, nous sommes obligés de nous réconcilier.»

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