LE RWANDA EST PRIÉ DE METTRE FIN À LA RÉPRESSION DE L’OPPOSITION
Amnesty International, le 1er Mars 2012
La libération, jeudi 1er mars, d'un ancien ministre du gouvernement après une décennie d'emprisonnement a poussé Amnesty International à réclamer la fin de la persécution continue des opposants politiques et des journalistes au Rwanda.
« Charles Ntakirutinka a passé 10 années de sa vie en prison parce qu'il a créé un parti politique, a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d'Amnesty International.
« Le gouvernement rwandais doit mettre en pratique ses promesses de respect de la liberté d'expression et d'association. »
Les autorités rwandaises continuent de poursuivre en justice des opposants politiques et des journalistes pour avoir critiqué le gouvernement. La répression s'intensifie à l'approche des élections.
Les mois qui ont précédé l'élection présidentielle d'août 2010, que le président Kagame a remportée avec 93 % des voix, ont été marqués par la répression de la liberté d'expression et d'association.
Les nouveaux partis d'opposition ont été empêchés de participer à cette élection présidentielle. Les Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi) et le Parti démocratique vert du Rwanda (PDVR) n'ont pu obtenir les autorisations nécessaires en matière de sécurité pour organiser les réunions indispensables à leur déclaration auprès des autorités.
Le seul nouveau parti à avoir pu se faire enregistrer, le PS-Imberakuri, était infiltré par des membres dissidents et a décidé de ne pas présenter de candidat au scrutin. Bernard Ntaganda, président du Parti social idéal (PS-Imberakuri), a été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement en février 2011, après avoir été déclaré coupable de « divisionnisme » pour avoir prononcé en public des discours critiquant la politique du gouvernement en amont des élections de 2010, d'atteintes à la sécurité du pays et de tentative d'organisation d'une manifestation « non autorisée ».
Le procès de Victoire Ingabire, présidente des FDU-Inkingi, est toujours en cours. Elle est accusée de terrorisme, de création d'un groupe armé, d'« idéologie du génocide », de « sectarisme » et d'avoir diffusé sciemment des rumeurs visant à monter la population contre le pouvoir en place.
Les accusations d'« idéologie du génocide » sont fondées en partie sur l'appel qu'elle a lancé publiquement en faveur de poursuites pour les crimes de guerre commis par le Front patriotique rwandais (FPR).