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Publié par JMV Ndagijimana

Par Wilson-André Ndombet

Historien et politologue Professeur à l'université de Libreville

Auteur de Renouveau démocratique et pouvoir au Gabon, aux Editions Karthala (252p. , 20€)

La mort du président gabonais Omar Bongo relance la question des relations étroites et souvent secrètes de la France avec l'Afrique, dont il était le doyen des dirigeants.

« On parle toujours de la "Françafrique" en ce qui concerne le Gabon. Il y eut, de fait, pendant quarante et un ans, des relations hautement privilégiées, personnelles, politiques, d'affaires, du président défunt Omar Bongo avec chacun des présidents français, Charles de Gaulle, George Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac. Le président Nicolas Sarkozy ne déroge pas à cette règle.

Ces relations "Françafrique" sont nées de la décolonisation et de l'indépendance du pays, ainsi que de la création d'accords de coopération en tout genre, y compris des accords de défense. Or, je ne vois pas qui pourrait, quel que soit le successeur d'Omar Bongo au Gabon, les remettre en question. Certes, celui-ci avait son style propre, sa manière de parler, très imagée, qui mettait en perspective ces relations si particulières.

"L'Afrique sans la France, disait-il, c'est une voiture sans chauffeur. La France sans l'Afrique, c'est une voiture sans carburant." 


Il mettait ainsi le doigt avec humour sur ces relations géostratégiques au cœur même de la Françafrique et que Paris tient à garder : il s'agit du Gabon ou du Congo pour le pétrole, avec l'ancienne société pétrolière Elf, l'un des symboles clés de la Françafrique, ou du Niger pour l'uranium.

Dans ce contexte, il est peu probable que quiconque dise adieu à la Françafrique! Nombre de piliers demeurent, des chefs d'État quasiment installés par la France ou avec son total assentiment, comme cela s'était passé au Gabon et en Côte d'Ivoire dans les années 1960 avec Omar Bongo et Félix Houphouët-Boigny, ou au tout début des années 1980 au Sénégal avec Abdou Diouf. Toujours avec l'idée pour Paris de défendre son pré carré en Afrique. La mort d'Omar Bongo va asseoir davantage le rôle des présidents du Congo, Sassou-Nguesso, en Afrique centrale, et du Burkina Faso, Biaise Compaoré, en Afrique de l'Ouest. Ce sont des "piliers" déjà anciens de la Françafrique.

 

Ensuite, des "rejetons de la Françafrique", on peut en fabriquer tous les jours, on peut les conditionner, les façonner, de telle sorte qu'ils répondent aux références des puissances occidentales, à commencer par celles de la France. La Françafrique est loin d'être morte! Mais il reste qu'elle doit aujourd'hui laisser une vraie place à la démocratie au Gabon, ce que je souhaite en tant que Gabonais. Nous en avons besoin. Il faut que la Constitution soit respectée et que nous ayons des élections libres et honnêtes. La Françafrique l'acceptera-1- elle ? »

 

RECUEILLI PAR JULIA FICATIER

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