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Publié le 14 avril 2021 à 18h13 - Mis à jour le 14 avril 2021 à 18h24 

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L’heure n’est pas encore à l’apaisement. Le « sofagate », du nom de cet incident protocolaire survenu à Ankara le 6 avril, lors d’une visite de la présidente de la Commission au président turc Recep Tayyip Erdogan, n’en finit pas de crisper les institutions européennes. Charles Michel et Ursula von der Leyen ont été conviés, mardi 13 avril, par les présidents des groupes politiques du Parlement européen pour qu’ils s’expliquent une nouvelle fois. Comment la présidente de la Commission européenne a-t-elle pu être reléguée sur un sofa, à l’écart du président du Conseil qui, lui, était traité comme l’égal de Recep Tayyip Erdogan, assis sur un beau fauteuil doré ? Et, surtout, comment éviter que cela se reproduise ?

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« On le subodorait depuis longtemps : il n’y a pas une chimie très favorable entre les équipes du président du Conseil et de la présidente de la Commission. Cet épisode l’a confirmé », décrit Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts. Lors de la réunion qui s’est menée à huis clos au Parlement européen, Charles Michel a réitéré ses excuses, « adressées à toutes les femmes qui ont pu se sentir offensées par ces images », a expliqué Iratxe Garcia Perez, chef de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates. Car le président du Conseil européen n’avait pas bougé le petit doigt face au faux pas protocolaire, officiellement par crainte de miner les discussions avec le dirigeant turc.

Pour Dacian Ciolos, qui préside le groupe centriste Renew Europe, « ces événements sapent la crédibilité de l’Union européenne en tant qu’acteur géopolitique ». Même tonalité chez Manfred Weber, à la tête du Parti populaire européen, pour qui il s’agit « d’un avertissement. Notre politique étrangère européenne n’est pas préparée aux dures réalités auxquelles elle est confrontée ».

Egalité contestée

Après un silence radio de six jours, la présidente de la Commission et le président du Conseil ont finalement repris langue lundi. Ursula von der Leyen a averti qu’elle ne tolérerait pas « qu’une telle situation se reproduise ».

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Face aux députés européens, mardi, la présidente a « donné son interprétation des traités, selon laquelle il existe une égalité entre les deux institutions », explique une source du Parlement. Dans le traité sur l’Union européenne, il est stipulé à l’article 15 que c’est bien le président du Conseil qui assure la représentation extérieure de l’UE pour les sujets « relevant de la politique étrangère et de sécurité commune ». Mais pour le reste, la « Commission assure la représentation extérieure », lit-on à l’article 17. C’est sur ces vastes domaines qu’ont lieu les batailles de territoire entre institutions.