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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Centrafrique : Requiem pour un accord fragile
Attaque des villages et quartiers de Birao, le 17/01/2020

Mots Clés : APPR-RCA, CEEAC, Gouvernement, Groupes armés, MINUSCA, RCA, Violences armées.

De nos jours, compte tenu de la vulnérabilité générale qui frappe « l’Etat du monde » (Bertrand Badie & Dominique Vidal, 2016, p.9)[1], rien n’apparait certes comme inquiétant que la pandémie causée par le Covid-19. Mais en ce qui concerne la RCA, force est de souligner que les violences armées demeurent une « institution destructrice » (Gaston Bouthoul, 1991)[2], une expérience individuelle et collective particulièrement douloureuse pour les populations civiles innocentes, victimes des querelles de légitimité entre factions ex-Séléka.

En effet, l’évolution et la transformation de la nature et forme de la crise centrafricaine interroge l’avenir de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine APPR-RCA, négocié à Khartoum du 24 janvier au 5 février 2020 et signé à Bangui, le 6 février 2019, entre le gouvernement et quatorze (14)[3] groupes armés. Aujourd’hui la tendance est que les violences armées ont, dans leurs manifestations singulières, repris l'allure de jadis et les victimes demeurent, helas! comme en 2014, les populations civiles innocentes que d’aucuns penseraient que l’APPR-RCA connaitrait un désastre, c’est-à-dire le « Missa pro defunctis ». Se rapportant au caractère dépréciatif et destructeur des violences armées en RCA, cet article ouvre la voie à une discussion sur la pertinence de l’APPR-RCA. Aujourd’hui, la situation sécuritaire et politique en République Centrafricaine est encore plus tendue qu’il y a quatre ans, à tel point que l’on observe, en RCA, une multitude des « zones grises, arcs de crise » (Philippe Boulanger, 2011)[4] qui confirmeraient la rupture de la paix et, ainsi, sauf déni de la réalité, l’agonie de l’APPR-RCA. Que reste-t-il de cet Accord ?

 On ne peut pas se détacher des faits là où règne le chaos

Dans la situation des « Etats effondrés » (Zartmann Ira William, 1995)[5], on assiste à des mutations du « Phénomène guerre » (Gaston Bouthoul, 1962, 2006)[6] comme celles qu’on observe dans les dynamiques de la bellicité en République Centrafricaine. Les affrontements inter et intra-groupes armés en RCA sont, dans leur complexité, l’illustration du « naufrage d’un Etat, l’agonie d’une nation » (Didier Niewiadowski, 2014)[7]. Très souvent, cet effondrement ou faillite conduit à des violences qui, dans leurs manifestations, acheminent vers des massacres, des génocides[8], des ethnocides[9], des démocides[10], des urbicides[11], des déplacements massifs des populations, des nettoyages ou épurations ethniques[12], des crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ces violences armées qui reconnaissent des disjonctions et interactions entre facteurs et acteurs divers et variés minent les relations de cohabitation entre des groupes communautaires qui, pourtant, ne peuvent pas se séparer, parce qu’ils ne peuvent pas y arriver, mais qui se heurtent à des obstacles et pièges symboliques dressés par des politiques.

Il est important de mentionner que l’APPR-RCA n’est qu’un arrangement politique. Il n’a aucune force de loi et, de ce fait, accuse une faiblesse juridique de taille. Il faudra également souligner que, à peine signé, cet accord a suscité des remous dus au manque de consensus de la classe politique centrafricaine. On fait ici allusion au rejet catégorique de cet accord par l’opposition politique et de la société civile. Mais le pire a été la position ambigüe et irresponsable, ainsi que les tergiversations des signataires : les groupes armés et le gouvernement; auquel pire est venu se greffer l’attitude déroutante de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), le facilitateur de l’Accord. La mise en œuvre de l’APPR-RCA aurait comme malheur ses signataires et le facilitateur dans la mise en œuvre. Il faudrait également admettre que le soutien de la communauté internationale, principalement l’Union Européenne (UE), au-devant de laquelle se positionne la France, et les Etats-Unis d’Amérique (EUA), s’inscrit dans la dynamique occidentale de contrer la fédération de Russie dans ses prétentions de faire de la RCA le pays pivot dans sa stratégie de conquête de l’Afrique.

Revenant sur les agitations suscitées par l’APPR-RCA, tout d’abord, il y a eu les contestations des groupes armés signataires à la suite de la nomination de la première équipe gouvernementale du désormais nouveau Premier Ministre désigné, Monsieur Firmin NGREBADA, ancien Directeur de Cabinet du Président de la République. Non seulement certains groupes armés et partis politiques (KNK, FPRC, UPC, MLCJ) ont manifesté leur désapprobation à l’égard du gouvernement désigné et d’autres se sont retirés de "l’Accord de Khartoum" (FDPC, MPC) ; mais encore des mouvements de contestation « ville morte » ont été organisés dans les villes sous-contrôle des factions ex-Seleka, particulièrement à Bambari, à Bria et à N’délé ; des prises d’otage organisées, accompagnées des blocages de la « Mainly Supply Road (MSR) /la Principale Route d’Approvisionnement » qui relie Bangui au port de Douala, empêchant ainsi la libre circulation des personnes et des biens. À la suite de ces désapprobations et des démissions conséquentes de certains ministres, l’Union Africaine, en sa qualité de garant de l’accord, convoqua la réunion de point de situation de mise en œuvre de l’APPR-RCA à Addis-Abeba, le 18 mars 2019. Il en a résulté la confirmation du Premier Ministre désigné et la nomination d’un nouveau gouvernement.

Il était bien évidemment entendu que les résultats de l’Accord ne dépendraient que de la forme que prendrait sa mise en œuvre. On espérait que la signature de l’Accord apaiserait les tensions politico-militaires entre les factions. Rien du tout. Dix-huit (18) jours à peine après la signature de l’APPR-RCA un accrochage a éclaté entre des éléments Antibalaka et UPC, à Lihoto, le 22 et 24 février 2019. Et, malheureusement, d’autres atrocités suivront, en l’occurrence :

  • les massacres de Koundjili, Djoumjoum, Bohong et Lemouna, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé, le 21 mai 2019 commis par des éléments de 3R ;

  • l’attaque des positions du FPRC à Am-Dafock par des éléments MLCJ le 14 juillet 2019 ;

  • l’affrontement armé entre le FPRC et la coalition MLCJ/PRNC à Birao, le 1er septembre 2019, et les actes d’épuration ethnique conséquents ; et les affrontements du 13 septembre 2019 ;

  • l’attaque des positions du FPRC à Tissi-Saarayebo, le 03 octobre 2019 et à Am-Dafock, le 14 octobre 2019 ;

  • l’attaque du village Kamoun (PK 5 de Birao, sur axe Boromata) et quartiers Tambay 1, 2 et 3, Djamal 1 et 4 et tango 1 et 2, et du site des déplacés internes « MINUSCA » de Birao, le 17 janvier 2020 par les éléments du MLCJ ;

  • l’affrontement entre les FACA et des éléments UPC, à Alindao, dans la Basse-Kotto, le 09 janvier 2020 ;

  • le carnage entre les commerçants et les soi-disant groupes d’auto-défense dans le 3ème arrondissement de Bangui, quartier dit « PK 5 », dans la nuit du 25 au 26 décembre 2019 ;

  • l’affrontement sanglant entre factions du FPRC à Bria, le 26 janvier 2020 ;

  • l’attaque de la ville de Birao par le FPRC, le 16 février 2020   

  • les attaques de la coalition RPRC/PRNC à Ndélé, les 2, 6 et 11 mars 2020 ;

  • le massacre des populations par la coalition RPRC/PRNC et MLCJ au marché de Ndélé, le 29 avril 2029.

 Derrière ces folklores tragiques, meurtriers et sanglants des groupes armés transparaît le désarroi, des douleurs, des humiliations, des frustrations, des détresses, des désespoirs, des souffrances qui s’accompagnent de privations (pénuries), de destructions physiques et psychiques, et de menaces sur l’existence même des personnes. Les communautés, les populations sont meurtries dans leur chair et leur âme. Les populations sont terrifiées, traumatisées par la brutalité guerrière, l’agressivité à outrance des factions rivales. Les violences armées actuelles ont rompu les liens de solidarité générale entre les groupes communautaires en termes de familles, des clans, d’ethnies. Elles ont favorisé le replie sur des solidarités particulières, élargi les clivages en fractures et, ainsi l’axe de crise.

 De l’élargissement des clivages en fractures : évolution de l’axe de crise

Quand bien même les groupes armés continueraient à déclarer leur attachement et adhésion à l’APPR-RCA, il n’empêcherait que les faits, tels que décrits précédemment, soient considérés comme étant les signes d’un échec. Entre les groupes armés qui, comme en témoignent la lettre conjointe du 16 décembre 2019 et le mémorandum du 13 janvier 2020, adressés aux Garants et au facilitateur de l’APPR-RCA par les groupes armés FPRC, UPC et MPC, proclament haut et fort la désuétude de l’APPR-RCA; le scepticisme-pessimisme de l’opposition politique et la société civile; l’attitude ambigüe du gouvernement qui donne lieu à tous les retournements; et la MINUSCA qui a failli sur tous les plans, particulièrement en sa mission première de protection des populations civiles; la réalité est que le contexte ne plaide pas en faveur de l’aboutissement de l’APPR-RCA. Alors que les dispositifs de mise en œuvre de l’APPR-RCA ne sont pas encore mis en place, il est également admis que ceux qui ont été créés n’ont jamais véritablement été fonctionnels. Aussi, faudrait-il mentionner que même ceux qui prétendraient être fonctionnels, à l’exemple du Comité Exécutif de Suivi (CES), c’est du Parturiunt montes, nascetur ridicules mus. Et, pourquoi donc ? Sans se prononcer sur la réussite ou l’échec de l’APPR-RCA, les experts de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), démontrent avec évidence, dans le rapport n° S/2019/930 du 6 décembre 2019, combien la mise en œuvre de l’APPR-RCA se heurte à des obstacles relevant des calculs politiciens. Il en résulte que l’APPR-RCA traverse des moments difficiles et, malgré les séances de réanimation de l’UA, de la CEEAC et du G5, son avenir demeure incertain et beaucoup moins rassurant. Plusieurs facteurs viendraient en explication. Nous en citons trois majeures: 1) la mauvaise foi des groupes armés qui veulent maintenir le statu quo, parce qu’ils ne doivent leur existence que dans une situation de jacquerie permanente favorable à toutes les prédations possibles, la guerre devenant de moins en moins guerre dans un pays transformé en « no man's land » ; 2)  l’absence d’une vision globale et d’un projet de société de la part des politiques qui ne s’intéressent qu’aux futures élections dont rien ne certifie qu’elles auront lieu ! 3) La volonté et la détermination de garder les privilèges qu’offre le pouvoir.  A cela s’ajoute également : 4) la perméabilité des frontières qui favorise l’organisation stratégique des groupes armés et les alliances transnationales des factions de la mouvance Seleka[13], 3R[14], LRA[15], FCCPD[16] et RJ[17] ; et 5) l’introduction du clivage selon le champ géopolitique et stratégique Occident versus Orient et/ou, depuis 2018, Occident versus Russie qui, d’un côté, il y a un pouvoir étatique qui mobilise la solidarité occidentale et internationale ainsi que la Russie ; et de l’autre, des groupes armés qui, défiant le gouvernement et la communauté internationale, suscitent des collaborations incestueuses, des solidarités et/ou des animosités ethno-territoriales. Les conséquences sont la fragmentation du pays en zones d’influences dictées par les intérêts démo-économiques et stratégiques des groupes armés, avec des positionnements ethno-territoriaux transnationaux. Et ce, d’autant plus que, la RCA n’échappe pas à la logique de « l’espace réticulaire », fondée plus sur les réseaux que sur des territoires fermés.  C’est dans cette logique que se structure l’antagonisme actuel depuis la signature de l’APPR-RCA :  des vieux clivages ethniques, d’antiques alliances, des querelles entre nomades et sédentaires, entre citadins et ruraux, entre commerçants et clients, entre cultivateurs et éleveurs, entre possesseurs et démunis… sont mobilisés et mélangés pour aboutir à des violences armées à caractère communautaires, particulièrement entre factions de ce que fut la rébellion Seleka qui profitent du vide institutionnel pour créer une situation d’anarchie.

 Des violences dans une situation d’anarchie et de vide institutionnelle

Dans une situation d’anarchie et de vide institutionnelle, les violences armées se cristallisent au sein des communautés. Et comme « il n’y a de politique que là où il y a un ennemi réel ou virtuel » (Julien Freund, 1965, p. 448)[18] et pour que l’agressivité, en tant que prédisposition sociobiologique, se transforme en hostilité – donc intention politique –, les groupes armés, pour se faire prévaloir, ont créé des « nouvelles figures de guerre » (Pascal Hintermeyer & Patrick Schmoll, 2006)[19]. Bénéficiant de leurs positions au gouvernement, les leaders des groupes armés mobilisent le potentiel d’agressivité existant dans telle ou telle communauté qu’on trouve essentiellement chez les jeunes gens qui, frappé par le chômage et sans aucune perspective d’avenir, recherchent des ennemis à combattre, des causes à servir, des dirigeants à qui se vouer. Et ce, d’autant plus que des armes sont disponibles partout en RCA.

Entre des groupes armés qui, malheureusement, excellent dans les violations de l’APPR-RCA; un gouvernement qui, préoccupé par les prochaines élections, a signé un accord sans vraiment y croire et qui surfe en permanence sur la peur d’un coup d’Etat militaire ; des garants hésitants, parce que découragés par la mauvaise foi et l’ambiguïté qu’entretiennent les signataires de l’APPR-RCA : le gouvernement et les groupes armés ; un facilitateur, la MINUSCA, dont le manque d’acceptation et de crédibilité n’est pas à démontrer ; et une opposition politique et une société civile poltronnes ; la problématique réside dans le processus ou les modalités et les conditions de conclusion d’un arrangement, d’un compromis viable dans un contexte de crise de confiance entre les parties prenantes de l’accord, à savoir : entre les groupes armés et le gouvernement ; entre les groupes armés et la MINUSCA ; et entre le gouvernement et la MINUSCA. 


[1] BADIE Bertrand & VIDAL Dominique. Nouvelles Guerres. Comprendre les conflits du XXIe siècle. Paris : La Découverte ; 2016.

[2] Gaston Bouthoul. « Fonctions sociologiques de la guerre » : Revue française de sociologie. Guerre – Armée – Société ; 1961, II. 2., pp. 15-21.

[3] Le Front Patriotique pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) ; l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) ; le Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de la Centrafrique (RPRC) ; le Mouvement Patriotique Centrafricain (MPC) ; le mouvement patriotique Anti-Balaka – faction Maxime Mokom (AB-Mokom) ; le mouvement patriotique Anti-Balaka – faction Patrice-Edouard Ngaïssona (AB-Ngaïssona) ; la Séléka rénovée ; Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) ; Révolution et Justice – faction Belanga (RJ-Belanga) ; Révolution et Justice – faction Sayo (RJ-Sayo) ; le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC) ; le Mouvement de Résistance pour la Défense de la Patrie (MRDP) ; le Mouvement des Libérateurs Centrafricains pour la Justice (MLCJ) ; et l’Union des Forces Républicains (UFR).

[4] BOULANGER Philippe. Géographie militaire et géostratégique. Enjeux et crises du monde contemporain. Paris, Armand Colin, 2011, p. 28. « L’arc de crise » est ici défini comme une représentation géographique dont les limites sont variables selon la conjoncture internationale. Selon l’auteur, la notion d’arc de crise comprend plusieurs foyers de violence et de guerre qui ne forment pas un tout compact mais plutôt une zone aux limites fluctuantes selon les événements. C’est Zbigniew Brzezinski qui, pour la première fois, aurait employé ce terme en 1978 pour désigner une zone caractérisée par la fragilité des Etats, le risque de chaos politique et de fragmentation territoriale.

[5] ZARTMAN, I. William (dir.). Collapsed States: The Disintegration and Restoration of Legitimate AuthorityBoulder, Londres, Lynne Rienner Publishers, 1995, 303 p.

[7] NIEWIADOWSKI Didier. « La République centrafricaine : le naufrage d’un Etat, l’agonie d’une Nation », Université Montesquieu - Bordeaux IV2014. URL : http://afrilex.u-bordeaux4.fr/chronique-d-actualite-politique.html

[8] Nations Unies. Recueil d’instruments internationaux. Volume I, deuxième partie, New York et Genève, 1994, p. 689-690. Le génocide est définit au titre de l’article II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, 1948/1951 en ces termes : « Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

[9] Destruction culturelle et psychologique d’un peuple

[10] Massacres ou meurtres de masses perpétrés par un gouvernement ou des officiels agissant sous l’autorité du gouvernement.

[11] Destruction volontaire des villes et leur patrimoine

[12] Les nettoyages ou épurations ethniques n’ont pas la même structuration juridique que le génocide. C’est une politique de transformation violente du peuplement, coordonnée, généralement exécutée en temps de guerre, et caractérisée par des exactions de grande ampleur contre une population civile dans le but de l’expulser du territoire. De cette définition, il résulte que ce qui s’est passé à Birao les 1er, 2 et 3 septembre 2019, est un « nettoyage ethnique de prédation ».

[13] Rappelons que le terme « Seleka » signifie coalition. Les rebelles de la SLK sont une coalition de plusieurs factions rebelles nées à la suite de la défaillance du gouvernement Bozizé, caractérisé par la marginalisation de certaines communautés ethno-religieuses du Nord. La SLK est constituée dans sa grande majorité par des populations essentiellement originaires du nord-est (Vakaga), provinces frontalières du Tchad et du Soudan (le Darfour). Comme son nom l’indique, c’est une formation hétérogène dont les composantes ont une grande autonomie, une agrégation de 5 principaux mouvements rebelles suivants :

  • La Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), dirigé militairement par le général Noureddine
  • L’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) de Michel Djotodia, précédent Président de la République Centrafricaine (mars 2013 - janvier 2014) ;
  • Le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC), dirigé par Martin Koumtamdji, alias Abdoulaye Miskine ;
  • La Convention Patriotique du Salut du Kodro (CPSK) de Mohamed-Moussa Dhaffane ;
  • L’Alliance pour la Renaissance et la Refondation (A2R), devenue depuis le 18 mars 2013 Mouvement pour la Renaissance et la Refondation (M2R) /mouvement politique alternatif en RCA, coordonnée par Salador Edjezekanne.

Ces associations sont toujours présentes mais dans des configurations nouvelles. Après la démission de Michel Djotodia, le retrait temporaire de Noureidine Adam et le retour de Moussa Assimeh, la Séléka a, en date du 10 mai 2014 organisé un congrès, à N’délé. Le but était de réorganiser les troupes, de mettre de l’ordre dans ses rangs et se doter d’une crédibilité politique. Un état-major et une coordination politique ont été ainsi mis en place. Mais, très vite cette initiative a été vouée à l’échec. Du 5 au 7 juillet 2014, une assemblée générale des factions ex-Seleka a eu lieu à Birao, dirigée par le Général Noureidine Adam, à l’issue de laquelle a été créée le FPRC. Il en est suivi également la création d’autres mouvements satellites ex-Seleka, notamment : le Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de la RCA (RPRC), l’Union pour la Paix en RCA (UPC), le Mouvement Patriotique Centrafricain (MPC), le Mouvement des Libérateurs Centrafricains pour la Justice (MLCJ) et la Séléka Rénovée.

[14] Retour, Réclamation et Réhabilitation.

[15] Lord’s Resistance Army « LRA » / L’Armée de Résistance du Seigneur.

[16] Front du Peuple Congolais pour le Changement et la Démocratie 

[17] Révolution et Justice.

[18] FREUND Julien, L’essence du politique, Paris, Sirey, 1965, p. 448.

[19] HINTERMEYER Pascal et SCHMOLL Patrick. « Nouvelles figures de la guerre. Vers un changement de paradigme », Revue de Sciences Sociales, n° 35, 2006, pp. 6-11.

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