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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

Figure emblématique de la lutte antiterroriste depuis 10 ans, le magistrat instructeur est contraint de quitter son poste. Il explique pourquoi à "l'Obs".

Le juge Marc Trévidic, le 14 février 2013 (JACQUES DEMARTHON / AFP)Le juge Marc Trévidic, le 14 février 2013 (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Le juge emblématique de la lutte contre le terrorisme, Marc Trévidic est sur le départ. Un peu à contrecœur.

"Une loi précise que personne ne peut rester plus de dix ans d'affilée dans une fonction spécialisée, indique-t-il à "l'Obs". Il n'y a donc pas grand-chose à dire". Ni à faire pour se maintenir à un poste requérant une connaissance approfondie des réseaux antiterroristes, ce qui est son cas. A moins qu'il renonce à un avancement que seule permet la mobilité, selon un texte du 25 juin 2001, adopté sous le gouvernement de Lionel Jospin.

Affaires sensibles

A l'époque, le législateur n'a fait aucune différence entre la gestion de dossiers aussi complexes que ceux relevant de l'antiterrorisme ou de la lutte contre la grande criminalité et le traitement d'une affaire de surendettement. Sans parler de la difficulté à trouver des volontaires pour postuler à des postes exposés, lesquels nécessitent d'être 24 heures sur 24 flanqués de gardes du corps. Sécurité oblige.

Il y a quelque chose d'un peu illogique à contraindre un juge d'instruction à partir au bout de dix ans, alors qu'il est chargé de dossiers très lourds et très compliqués", souligne la vice-présidente de l'Union syndicale des Magistrats, Marie-Jeanne Ody.

Chargé d'instruire des affaires aussi sensibles que l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996 en Algérie, l'attentat de Karachi en 2002 où l'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana, à l'origine du génocide tribal en 1994 dans le pays, le juge Trévidic, qui s'est fait une spécialité de la lutte contre les réseaux islamistes, a été nommé juge d'instruction antiterroriste en mai 2006. "Il fallait donc que je parte fin mai 2016", note le magistrat instructeur.

Il quitte Paris pour Lille

Son nom figure sur la "transparence" du 27 mars, autrement dit sur la liste des changements d'affectation prévus dans la magistrature dans les mois qui viennent, pour un poste de vice-président au tribunal de grande instance de Lille. Au total 994 magistrats, sur un corps qui en compte près de 8.000, sont concernés par ce mouvement. Le Conseil supérieur de la magistrature doit rendre un avis en juin sur sa demande de mutation, que soutient le ministère de la Justice. Il devrait donc pouvoir prendre ses nouvelles fonctions en septembre.

Marc Trévidic fait valoir qu'il n'avait guère d'autre choix, la Chancellerie ayant décidé pour éviter les vacances prolongées de postes, de limiter désormais à deux le nombre de transparences dans l'année contre trois à quatre précédemment.

Il fallait que je demande des postes, ce que j'ai fait. Tout cela n'est que la stricte application de la loi", précise, légèrement désabusé, le juge.

Marc Trévidic est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'antiterrorisme dont le dernier a pour titre "Qui a peur du méchant petit juge ?" (JC Lattès 2014). Il a fait ses débuts au parquet antiterroriste en 2000. Trois ans plus tard, il était nommé juge d'instruction financier à Nanterre (Hauts-de-Seine), avant de rejoindre le pôle antiterroriste de Paris, seul compétent au niveau national pour traiter de la lutte contre le terrorisme.

Denis Demonpion

Quelques commentaires

Margue LG a posté le 3 avril 2015 à 06h09

Vous écrivez "poussé vers la sortie" en désignant le juge Marc Trévidic", mais en acceptant le poste, il connaissait les conditions. C'est peut-être dommage de quitter un tel poste sans avoir terminé les dossiers, mais peut-être qu'il souhaitait vivre un peu moins sous pression tout simplement.

 

Gerard Pernot a posté le 2 avril 2015 à 14h52

C'est une bonne chose!
Personne n'est irremplacable. C'est aussi une garantie que certaines affaires ne seront pas enterrées indéfiniment.
C'est peut être ce qui gêne certains au point d'en faire un article dans la presse....
Et puis, il est temps qu'il fasse autre chose. La routine encroute.

 
Jean Ducos a posté le 5 avril 2015 à 13h36

Que seraient les médias français sans ces magistrats addicts aux sunlights qui finissent tous par exploser en vol tels T. Jean - Pierre, E. Joly et sa copine Laurence Wischniewski , Courroye de transmission, etc : en échange de violations du CPP, les médias en font des héros mais cela masque la plupart du temps leur soumission aux pouvoirs en place et leurs bilans fort maigre.
Avec M. Trevidic on a battu des records en termes d'addiction aux médias : un bouquin par an, trente, quarante passage dans les médias en Septembre / Octobre dernier pour vendre son dernier bouquin ... pendant ce temps là les tueurs de Kagame enlevaient et sans doute assassinaient Emile Gafirita, témoin crucial de l'attentat contre Habyarimana auquel il avait refusé de témoigner sous "X" alors qu'on a appris 3 mois plus tard qu'il avait fait témoigner sous "X" des syriens dans l'affaire de la Rue des Rosiers. Comprenne qui pourra ...
Pour planter une enquête aux dimensions géostratégiques énormes on ne fait pas mieux
...


 
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M
Bonjour, je commente surtout le commentaire de Cesar qui me parait bien informe. Il est vrai que ce juge qui me paraissait efficace n'a pas en fait donne la mesure que l'on attendait sur le Rwanda Beaucoup de bruits peu d'effet. Je ne sais si cela repondait a des directives Politiques Francaise, mais toujours est il que ses resultats ne sont pas concluants. Alain Monier
C
Il n'est pas le seul juge compétent dans domaine anti-terroriste. Pat ailleurs, concernant l'Affaire des citoyens français assassinés les 6 et 8 avril 1994 à Kagali par les soldats du FPR sur ordre de Kagame et qui, par ricochet, concerne le feu Habyalimana, il a brillé par son ameteurisme ou son obéissance aux dirigeants de son pays et corrélativement par le mépris absolu du droit qu'il est censé appliquer. En effet, sur l'attentat contre l'avion du président Habyalimana, au lieu de faire réaliser l'expertise ballistique au Rwanda, il l'a faite effectuer en France et dans un laboratoire au surplus .Il a conclu que les résultats obtenus sont ceux qui auraient été obtenus si cette expertise ballistique avait été effectuée au Rwanda. Il est venu ensuite faire le tourisme ici au Rwanda guidé par les agents des services secrets rwandais qui servaient d'interprétes. Ceux-ci avaient au demeurant prélablement sélectionné les autres agents des mêmes services habillés en paysans rwandais que ce juge devaient rencontrer pour lui reconté ce qu'ils ont prétendument vu par le jeu de reproduction de discours préparés d'avance par un service spécial dont les massions est de fabriquer les faux témoignages et faux documents.<br /> Ensuite, il a opéré une sélection entre les présumés assassins des citoyens français visés par les mandats d'arrêt internationaux qui ont été émis par le juge Bruguière, son précésseur et les a conduits à Bujumbura , au Burundi pour les interroger. En droit français, lorsqu'un juge émet un mandat d'arrêt qu'il soit national ou international contre un présumé criminel, son successeur ne peut le remettre en cause. Il doit le faire exécuter c'est-à-dire faire arrêter l'individu visé par ce mandat sachant que dès lors qu'il n'est pas jugé, il est préséumé innocent. Dans le cas présent, il aurait dû faire arrêter les intéressés d'abord, indépendamment du chantage de Kagame et de la pression politique des drigeants de son pays si en France le juge est effectivement indépendant. Si les personnes visées par ces mandats sont innocentes comme elles prétendent, elles allaient alors repartir librement dans leur pays.<br /> Ce qui est encore extrêmement grave, nonobstant des dizaines des courriers que les Rwandais lui ont adressés pour qu'ils puissent être entendus par lui sur ce qu'ils ont vu et connaissent sur l'attentat qui a coûté la vie aux citoyens français en particulier les proches de Kagame, ex-dirigeants du FPR qui opéraient à Kigali à l'époque des faits, ce juge a fait fi de leurs demandes. De plus, concernant les assassinats des deux gendarmes français et l'épouse de l'un d'eux effroyablement découpés en morceaux par les soldats du FPR, sur ordre de Kagame le 8 avril 1994, ce juge a toujours refusé d'entendre les témoins oculaires à la date des faits autrement dit, il a refusé d'enquêter sur les assassinats des citoyens français.Or, les médias le présentent comme un juge indépendant, qui n'obéit qu'à la loi de son pays alors que les faits prouvent le contraire.