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Publié par La Tribune Franco-Rwandaise

LE MONDE | 

Editorial du « Monde». Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012, l’UMP est en situation de faillite  – politique, morale et financière. Déchiré par ses guerres de chefs, incapable de faire vivre une opposition pugnace et constructive, abandonné par une partie des centristes, déshonoré par l’affaire Bygmalion, directement concurrencé par le Front national, le grand parti de la droite ressemble à un champ de ruines, en dépit de ses succès aux municipales du printemps et aux sénatoriales de l’automne. D’ici à l’élection présidentielle de 2017, il lui reste trente mois pour se reconstuire.

L’élection de Nicolas Sarkozy à sa présidence, samedi 29 novembre, peut-elle y contribuer ? C’est possible. Mais à la condition, à ce jour très hypothétique, qu’il parvienne à régler les quatre crises dans lesquelles son camp est plongé.

La première est de leadership. L’UMP a désormais un chef, qui est doté d’une énergie, d’une expérience et d’une ambition indéniables. Cet incontestable succès n’en fait pas pour autant le « patron » incontesté de la droite et son candidat naturel pour 2017. Son score moins brillant qu’espéré (65 % des votants, 38 % des adhérents), autant que celui de ses deux concurrents, et en particulier de Bruno Le Maire, est tout sauf un chèque en blanc. Il témoigne des réticences qu’il suscite désormais dans son propre camp. En outre, la campagne interne qui vient de s’achever n’a nullement désarmé les ambitions de ceux – Alain Juppé, François Fillon, Xavier Bertrand… – qui n’entendent pas lui laisser le champ libre. Nul doute que le choc des rivalités sera rude dans les deux ans à venir.

Réconcilier des droites disparates

La deuxième crise est existentielle : douze ans après la création par Jacques Chirac de ce qui se voulait le grand parti moderne de la droite et du centre, tout est à réinventer. M. Sarkozy entend s’y employer et veut tout changer« du sol au plafond », depuis le nom du parti jusqu’à son organisation et l’implication de ses adhérents. Vaste chantier !

La crise intellectuelle de la droite n’est pas moindre. Elle n’a procédé à aucun examen sérieux, critique et salutaire de son exercice du pouvoir pendant dix ans et de son échec de 2012. De même, elle n’a pas renouvelé son analyse du pays, de ses évolutions, de ses crispations et des réponses à lui apporter. Depuis deux ans, à l’inverse, l’UMP est apparue à la traîne d’une société éruptive et contradictoire. Face au mouvement libéral des « pigeons », à La Manif pour tous conservatrice ou encore aux « bonnets rouges » antiétatistes, elle a paru dépassée, ballottée et divisée. Bref, incapable d’offrir un débouché politique et unprojet au peuple de droite. Pis, depuis deux mois, Nicolas Sarkozy a fait preuve, sur tous les grands sujets du moment, d’une ductilité et d’un opportunisme qui ne sont pas de bon augure sur le cap qu’il entend incarner.

Enfin, entre l’extrême droite et le centre, la stratégie d’alliances de l’UMP est des plus incertaines. En dépit des appels incantatoires au « rassemblement », l’hésitation est évidente entre une droite conservatrice, souverainiste et étatiste, susceptible de faire pièce au Front national, et une droite ouverte sur le monde, libérale et moderne, capable de fédérer le centre droit. Réconcilier ces droites disparates et leur proposer une synthèse convaincante ne sera pas le moindre défi du nouveau président de l’UMP. Pour Nicolas Sarkozy, le plus dur commence.

Lire aussi : 2017, c’est maintenant

 

Les quatre défis de Nicolas Sarkozy
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